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Critique de WAXILEXLILAROSE



Le 11 septembre 2001 : on a retenu cette date pour les attentats américains mais qui se souvient du 11 septembre 1973 ? Date gravée à jamais dans la mémoire chilienne, jour du coup d'Etat mené par Pinochet avec la complicité de la CIA, entraînant le terme de la présidence d'Allende.

"Raconter, c'est résister". Cette citation de l'écrivain brésilien Guimaraes Rosa sur laquelle s'appuie Luis Sepulveda résume le ton adopté par l'auteur chilien dans ce livre nous délivrant son terrible sentiment d'injustice sur la personnalité de Pinochet.

L'opportunité de « célébrer » le 30ème anniversaire du putsch permet à Luis Sepulveda de rassembler dans ce livre 21 articles journalistiques publiés auprès de la presse européenne et sud américaine sur la période 1998-2002.

Il y est question d'indignations et de résistances : résistance face aux duplicités des politiciens nationaux (droite chilienne) et internationaux (notamment Kissinger, Nixon, CIA) pendant la période où Pinochet était à la tête du pays et sur l'amnésie sur le bilan de la politique du tyran.

Résumé non exhaustif de la pluie de dénonciations versées sur le régime dictatorial par l'écrivain chilien :

- les actions menées contre les opposants (résistants socialistes, communistes, chrétiens de gauche, front patriotique) à la politique à l'intérieur et à l'extérieur des frontières : disparitions (estimées à 4000 voir le rapport Rettig), massacres, kidnappings, tortures (autour de 35 000), condamnations à l'exil, incitations à la délation, censures de la presse

- le chaos social : perte des droits syndicaux (un rassemblement de plus de 3 personnes était considéré comme délit de subversion), régression sociale,

- le pouvoir de l'armée : 15% du budget de la nation consacré à l'armée destiné à faire mourir ses propres citoyens

- les modèles économiques imposés par le FMI et la Banque Mondiale sur 2 pays « cobayes » sud américains : Argentine (mise en cause du triumvirat Alfonsin, Menem, de la Rua plus nocif que Ben Laden responsables de la mort de 30 000 personnes en imposant un modèle économique injuste) et Chili

- les passe-droits de Pinochet lui permettant d'échapper à toute justice grâce à la possession d'un poste de sénateur à vie, à la détention d'un passeport diplomatique

- les bilans de santé des experts médicaux qui ont permis de mettre en suspens les actions des juges espagnol Garzon et chilien Guzman.

En effet, le juge Garzon réclame l'extradition du dictateur pour crimes et tortures en 1988 imposant 503 jours d'assignation à résidence à Londres. Pinochet ayant une santé précaire selon les experts, il est déclaré inapte à comparaître devant le tribunal et il est autorisé à retourner au Chili.

En 2000, Pinochet perd l'immunité parlementaire en tant que sénateur à vie. 200 plaintes pour violation des droits de l'homme permettent au juge Guzman d'ordonner une arrestation du Général. En 2002, Pinochet échappe au procès grâce au non lieu prononcé par la Cour Suprême alléguant une démence modérée de Pinochet.

Gardez le parapluie ouvert si les baleines ne sont pas noyées sinon changez le car Luis Sepulveda a fait sienne la devise de Monte Christo : ni oubli, ni pardon.
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