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Critique de AMR_La_Pirate


Quand je suis prise par des lectures difficiles, que j'ai enchainé plusieurs livres à un rythme très soutenu ou bien quand j'éprouve le besoin de me changer un peu les idées, je cherche dans ma P.A.L. un livre de Luis Sepúlveda, de préférence en version originale, et je m'évade sous sa plume alerte, poétique et bienveillante.
Là, j'ai choisi Patagonia Express, pour le bout du monde sud-américain et surtout pour le voyage.

Naturellement, le récit de voyage selon Sepúlveda bouscule les codes car il jongle un peu entre la réalité et la fiction, il ne suit pas un itinéraire précis et les personnes rencontrées sont plus stupéfiantes les unes que les autres. Dans ce court recueil, il est question de fuite, d'exil et de retour au pays ; le voyage devient aussi intérieur, quand les murs d'une prison contraignent l'espace vital.
Il s'agit de notes éparses, réunies presque par hasard, dans en souci de mettre en lumière l'homme et l'artiste dans un hommage poétique à un train qui n'existe plus.

Sepúlveda commence par un point de non-retour au fond des geôles chiliennes, un voyage vers nulle part les jours d'interrogatoire. L'auteur, proche des jeunesses communistes, a été condamné à 28 ans de prison par le régime du général Pinochet, incarcéré à la prison de Temuco et libéré au bout de deux ans et demi, en 1977, grâce à l'intervention d'Amnesty International. Son récit n'est pas un témoignage mais une variation originale entre une poule captive et un lieutenant qui voulait être poète sans en avoir le talent.
À partir des années 1970, plus d'un million de chilien ont connu l'exil politique, économique ou simplement le désir de tenter leur chance ailleurs. Ici, c'est plus un idéal de voyage qu'un véritable déplacement qui est en jeu avec des rencontres, des points de chutes et des endroits où il vaut mieux ne pas rester.
L'exilé a toujours la nostalgie de son pays et le désir du retour ; Sepúlveda a ainsi parcouru une bonne partie de l'Amérique Latine, a vécu à Hambourg, à Paris et en Espagne. le pays natal est plus qu'une terre : ce sont des histoires tristes et belles comme celle de l'enfant qui mourut de tristesse, drôles comme un concours de mensonges, pleines de péripéties comme des vols en DC3 pour transporter des marchandises ou en piper pour emmener un cadavre à sa dernière demeure. La Terre de feu devient terre d'asile : il faut être un peu fou pour aller s'y perdre mais c'est tellement beau, entre les flamants roses et les dauphins, les hommes et les femmes qui y vivent, comme étrangers au reste du monde. Ce voyage de retour est un bel hymne à un magnifique pays qu'il faut préserver.
Pourtant, la fin de ce livre nous ramène en Espagne, à la recherche sans doute de racines andalouses lointaines et la boucle est bouclée, le voyage se termine quand revient le parent d'Amérique…

Encore une fois, l'écriture fluide et belle de Luis Sepúlveda m'a fait du bien ; j'ai souri souvent, ressenti beaucoup d'émotion toujours.
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