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Critique de Vintage


Enquête journalistique remarquablement détaillée et complète, menée par Gitta Sereny, sur une affaire qui secoua le Nord de l'Angleterre en 1968. L'affaire MARY BELL, du nom de celle qui, a 11 ans, tua deux jeunes garçons de 3 et 4 ans à 9 semaines d'intervalle par strangulation dans un quartier populaire de Newcastle. Après 2 semaines de procès, Mary Bell sera reconnue responsable devant un tribunal d'adultes et condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité…
La journaliste revient tout d'abord sur les circonstances des deux crimes, non pas pour remettre en cause la culpabilité de Mary mais davantage pour mettre en exergue les failles du système judiciaire anglais. La culpabilité est d'autant moins questionnable que la petite fille montre un certain aplomb face aux adultes et qu'elle ment beaucoup durant le procès. Si la culpabilité est donc assez claire, cette histoire n'en demeure pas moins énigmatique au regard tout d'abord de l'absence de conscience de la petite fille de ses actes. Pendant très longtemps, elle n'aura pas la conscience d'avoir commis l'irréparable. D'ailleurs lorsqu'à 16 ans, après une période transitoire dans un centre de réhabilitation, on la conduira en prison, sa 1ère réaction sera « mais qu'est ce que j'ai fait ? ». L'énigme de cette histoire se situe également dans les raisons qui ont conduit Mary à tuer ses 2 garçons, et c'est là où le travail journalistique et l'acharnement de G. Sereny prend tout son sens. Sans trahir le secret effroyable qui sera révélé dans les dernières pages, il faut aller chercher dans le contexte familial de Mary, entre un père voyou et une mère profiteuse.
La construction de cette enquête est remarquable car elle fait évoluer les sentiments du lecteur. le début de la narration est peu propice à l'empathie, même si la journaliste n'en manque pas, mais au final il est difficile de ne pas croire que la compréhension et la rédemption sont possibles.
Mary Bell sortira de prison à l'âge de 23 ans et obtiendra, fait unique en Angleterre, la reconnaissance par la loi d'un droit immuable à l'anonymat.
Gitta Sereny a consacré une bonne partie de sa carrière professionnelle et deux ouvrages à cette histoire dont celui-ci qui a été publié en Angleterre en 1998. Elle est décédée en 2012 et aura réussi à travers ces pages à mener une enquête que la Police elle-même n'a jamais réussie, et notamment sur les origines psychologiques d'actes meurtriers.
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