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Critique de Myrtle


J'ai eu étonnamment beaucoup de mal à venir à bout de l'ouvrage de Gitta Sereny. Je n'ai pourtant aucun reproche à faire sur le travail documentaire que l'auteur a effectué sur le destin de cette petite fille anglaise, qui à l'âge de onze ans, a tué deux jeunes enfants.
Je me suis vraisemblablement faite avoir par le macaron apposé sur la couverture « Prix du meilleur polar des lecteurs de Points ». Il n'y a pourtant rien de romancé dans « Une si jolie petite fille ». Jusque dans la forme, on découvre très vite que le livre est bien un pur document retraçant le parcours de la jeune Mary Bell, juste avant le drame, pendant son procès, puis sa détention, et enfin, ce qu'elle est devenue ces dernières années. Pendant presque cinq cent pages, l'auteur fait un récit détaillé de ce qu'ont vécu l'enfant et son entourage en intercalant des témoignages des personnes citées.

La redondance dans la forme des entretiens et le soin que porte Gitta Sereny aux lieux et aux personnes concernées n'a pas facilité ma lecture. Mon intérêt ne s'est éveillé que lorsque l'auteur souligne l'incapacité des structures de l'époque – et c'est malheureusement encore le cas aujourd'hui – à prendre en charge correctement une enfant, qui malgré son terrible crime, avait une sensibilité, une histoire. Il faut saluer l'impartialité de Gitta Sereny qui s'attache à relater les faits sans juger hâtivement, sans condamner même lorsqu'elle évoque ce qu'a subi Mary dans son enfance.
Malgré tout, cet ouvrage reçu dans le cadre de Masse Critique m'a amenée à m'interroger et me renforce dans ma conviction qu'il n'y a pas de question de « Mal », même dans les meurtres les plus atroces. Ainsi, je m'interroge encore : à quel âge le jeune est-il conscient de la portée de ses actes ? En quoi le passé peut-il déterminer nos actions futures ? Une rédemption est-elle toujours possible ?

En me penchant sur un tel fait divers, je savais que je ne resterais pas insensible, mais je ne m'attendais pas à être si révoltée par les structures censées préparer la réinsertion de Mary. Une phrase m'a particulièrement glacée, celle du docteur Chamarette, à propos du séjour de Mary en prison : « C'est assez incroyable que personne n'ait essayé de l'aider à se confronter à elle-même avant aujourd'hui. Cela montre à quel point on accorde peu de valeur aux êtres humains. »
Les dernières pages sur la mère de la jeune criminelle et tout ce qu'elle lui a fait subir sont extrêmement dures et j'ai été choquée de voir à quel point la jeune Mary avait été traumatisée.

Ainsi, même si ma lecture a été plutôt laborieuse, je reconnais que Gitta Sereny nous livre un portrait extrêmement complet et complexe de Mary Bell, qui nous fait nous rendre compte qu'il y a encore beaucoup de progrès à faire dans l'accompagnement des enfants criminels.
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