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Critique de frandj


Antoine Sfeir (né en 1948) est un journaliste et politologue libano-français, auteur d'ouvrages sur le Moyen-Orient et le monde musulman. Dans ce livre paru en 2013, il se penche sur l'interminable confrontation entre chiites et sunnites. A l'origine il y avait Ali, gendre du Prophète. Il accéda tardivement au rang de calife, avant d'être tué en 661. Plus tard, son fils Hussein subit le martyre en 680. Au total, douze Imams se sont succédés, jusqu'à Muhammad al-Mahdi « occulté » en 874. La référence (presque obsessionnelle) à ces douze Imams est l'une des bases du chiisme, en particulier du chiisme duodécimain (devenu en 1501 la religion officielle de l'Iran). Mais il existe d'autres obédiences dans le chiisme.

Par opposition au sunnisme, le chiisme considère l'imam comme l'intermédiaire indispensable entre Dieu et le croyant de base. On retrouve cette conception dans l'Iran contemporain: le pouvoir temporel et religieux y est fondé sur le "velayat-e faqih" (gouvernement des doctes) et le guide suprême actuel est l'équivalent de l'Imam.

L'auteur examine ensuite les divers particularismes du chiisme: la continuation de "l'itjihad" (effort d'interprétation), la "taqiyya" (art de la dissimulation, en situation de persécution), le "tazieh" (une cérémonie populaire rappelant le martyre d'Hussein) et le "sigheh" (mariage temporaire). C'est instructif.

La suite du livre est moins passionnante. A. Sfeir fait le recensement des chiites dans les mondes arabe et non arabophone. Il fait une analyse de l'antagonisme entre puissances chiites et sunnites, tel qu'il était il y a cinq ans: depuis lors, la situation géopolitique a énormément changé, rendant peu pertinentes les considérations géopolitiques développées.

Pour ma part, j'étais déjà bien documenté sur le chiisme. Ce qui m'a le plus interpellé dans cet ouvrage, c'est le portrait d'Ali, qui se considérait bien plus comme un chef religieux que temporel. Son échec final est dû à sa volonté de consensus au sein de la jeune communauté musulmane et à son manque de fermeté envers ses ennemis. Si Ali avait eu un autre esprit et une autre attitude, le destin de l'Islam aurait été totalement différent.
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