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Critique de Joad


Et si tout ne s'arrêtait pas après notre mort ? Si la fin était en réalité le début d'un implacable compte à rebours... 10 minutes et 38 secondes au sablier.

10 minutes et 38 secondes, c'est tout ce qu'il reste à Tequila Leila avant que son étoile ne s'éteigne. L'occasion de remonter le temps, de revenir à la vie dans un souffle agité, de pleurer, de rire, d'aimer et de souffrir à chaque sursaut mémoriel du cerveau. Tequila Leila, le rayon de soleil d'Istanbul, naît sous la plume d'Elif Shafak et renaît dans le coeur du lecteur. Elle laisse une empreinte si forte qu'un seul désir reste en tête : savoir enfin ce qui lui est arrivé ! Chaque page défile comme un grain de sable tombant inévitablement sur la dune du sablier.

Tequila Leila, c'est le rayon de soleil d'Istanbul, il peut brûler, les nuages cherchent sans cesse à le cacher et le ternir mais il finit toujours par réchauffer l'âme des voyageurs. Alors les pages défilent, la lecture s'enflamme... 10 minutes et 38 secondes. On dirait que pas une de plus ne s'est écoulée depuis que j'ai refermé ces pages.

Il me semble que le temps s'est arrêté au soleil d'Istanbul, que je reconstitue dans ma mémoire. Tant de thèmes abordés avec délicatesse et pudeur. La famille, premier rouage du mystère Leila.
De qui est-elle l'enfant ? Et finalement, de qui sont tous les orphelins d'Istanbul ? Révolutionnaires ou réactionnaires, religieux ou blasphémateurs perpétuels, vierges ou putains, tous crament sous l'incandescence d'Istanbul. Ni de l'Orient, ni de l'Occident, ils sont les enfants de personne.
Les révolutionnaires froissent le pavé en criant, les américains se glissent dans l'ombre d'une ruelle à bordels, les travestis chantent l'amour perdu et font boire les pères de famille au night-club.

Et puis il y a Charlie Chaplin, le chat sourd. Il observe la ville se débattre contre les étaux qui l'enserre. Il attend patiemment sous le soleil de plomb que les femmes viennent lui ouvrir leur sanctuaire pour un peu d'eau et de poisson. Indifférent au temps qui passe, il n'y a pour lui pas de 10 minutes et 38 secondes qui vaillent la peine.
Comme une incarnation métaphysique, Charlie Chaplin a neuf vies pour se réinventer, et ainsi recommence Istanbul. Les 10 minutes et 38 secondes se sont écoulées, ce monde étrange est resté.
Lien : https://les-sirenes-de-jugur..
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