- C'est le lot que j'ai reçu du bon Dieu ! Il y en a à qui le bon Dieu a donné d'être les maîtres, et d'autres à qui Il a donné d'être pauvres. Il faut comprendre Mkongwé, que chacun a le rang que Dieu lui a donné. C'est comme ça qu'est bâti le monde.
- Certainement pas le monde d'aujourd'hui ! dit Mkongwé d'un ton provocateur.
- Ah bon ?
- Certainement pas ! repris la fille. C'est vrai qu'actuellement il y a des riches et des pauvres ; mais je vous promets que les riches ne vont pas continuer à votre riches et les pauvres à mourir pauvres. La situation change.
- Et qui c'est qui l'a changée ? demanda Kijakazi d'un ton narquois.
Excédée, Mkongwié répondit :
- Les gens ! Ce sont les gens, et personne d'autre, qui l'ont changée. Ce sont les gars que vous voyez venir ici de temps en temps et repartir, qui ont changé les choses, avec leurs camarades !
- Oh ! Mkongwé ! C'est ainsi que tu parles ! C'est ainsi que tu traites ton maître !
- Oui ! Je le dis et je le répète : c'est un pillard, c'est un porc, un salaud, un sans-coeur ! Et un jour viendra, Kijakazi, si vous êtes encore en vie, où vous penserez pareil.