AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Nastasia-B


Voici encore une bien belle tragédie historique de William Shakespeare qui tient toutes ses promesses. Personnellement j'ai adoré l'ambivalence qui caractérise presque tous les personnages principaux de cette pièce.

Cela en fait une pièce très subtile, tout en nuances. Certes, on retrouve chez Cassius, notamment en début de pièce, quelque chose du machiavélisme du Iago d'Othello, de Richard III ou encore du Maure de Titus Andronicus, mais l'auteur s'attache à justement le réhabiliter en en faisant un personnage certes envieux mais non dénué de qualités réelles et positives.

L'ambiguïté est encore plus affirmée et de façon croisée et symétrique entre Brutus — le traitre — d'une part et Octave — le sauveur — d'autre part. On a en effet de la peine à considérer Brutus comme un sale type et Octave comme un type bien.

Que dire enfin du somptueux personnage d'Antoine dont le discours funèbre auprès de la dépouille De César est un modèle de sophisme d'une roublardise délicieuse.

En somme, le seul qui soit vraiment très discret et d'un intérêt moindre dans cette pièce c'est… Jules César lui même ! On le voit en effet très peu, mais, du peu que l'on voit de lui, Shakespeare s'attache là encore à en faire un personnage très humain, comme tous les autres, avec ses bons et ses mauvais penchants.

Le fait que Shakespeare se soit énormément basé sur les sources antiques comme Plutarque et qu'il y soit globalement resté très fidèle, imprime une rythme particulier à la pièce qui n'est pas comme à l'ordinaire dans les tragédies une apothéose au cinquième acte, si possible baignée de sang.

Ici, le point d'orgue se situe au tout début de l'Acte III et sépare donc la pièce en deux moments très distincts : tout d'abord la conspiration contre César sous la houlette de Cassius et ensuite la contre conspiration contre les conjurés organisée par Antoine.

On retrouve dans cette tragédie bon nombre des ferments, des ficelles du scénario d'un Star Wars, par exemple. Brutus et Cassius, à eux deux, présentent à peu près les pulsions contradictoires qui animent un Dark Vador. Antoine a sûrement quelque chose d'un jeune Luke Skywalker, Portia, l'épouse de Brutus possède elle aussi certains traits de la Princesse Amidala, etc.

En somme, une trame historique aménagée pour en faire un support scénique admirable. Shakespeare ne cède à aucune facilité et l'ensemble de la pièce est remarquablement écrit. Certes on n'y trouve pas de ces tirades sensationnelles comme dans Hamlet, Macbeth, Richard III ou encore La Tempête, mais ce Jules César m'a beaucoup plu et je le place assez haut dans mon palmarès personnel des oeuvres de son auteur. Ceci dit, souvenez-vous que ce n'est que mon avis, c'est-à-dire, très peu de chose.
Commenter  J’apprécie          1005



Ont apprécié cette critique (92)voir plus




{* *}