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Critique de kathel


Quatre personnages se croisent dans ce gros roman. Karan, photographe plein de talent fasciné par les différents aspects de la ville de Bombay, est amené à photographier Samar, pianiste qui a abandonné la scène pour vivre dans sa grande maison avec un ami. Chez Samar, il croise aussi Zaira, actrice qui ressemble « à une princesse en fuite ». Karan fait ensuite la connaissance, dans un bazar, d'une autre femme, Rhea, dont les rêves artistiques se sont écroulés et qui aimerait voir Karan réussir là où elle n'a que des regrets.

Voici donc posés les quatre personnages : musicien, photographe, actrice, sculptrice, le cadre et le sujet sont clairement posés, ce n'est rien moins que les rapports de l'art et de la vie que l'auteur veut mettre en avant et étudier sous toutes leurs facettes. de ce point de vue, c'est plutôt réussi et c'est à ce propos que se trouvent les plus belles phrases du livre. Une belle réussite aussi pour les descriptions de Bombay, des aspects les plus sordides aux plus magiques. Malheureusement, ce qui frappe le plus à la lecture, c'est le style, où la grandiloquence et l'humour frisent parfois le ridicule. J'ai noté ainsi « elle répliqua d'une voix lardée de suggestivité » « sa crinière noire de jais et sa mâchoire prononcée » « la perfection féline de ses cils » « ils s'étaient unis sur le palier, se débattant dans une agonie de désir » J'ai poussé la conscience « professionnelle » à comparer le début du roman avec la version anglaise : rien à redire au travail du traducteur, qui traduit fort justement les mots de l'auteur, à mon avis. Mais il a bien été obligé de laisser les scènes d'amour dignes d'une collection Harlequin, les descriptions physiques affriolantes et les comparaisons pour le moins surprenantes. J'ai pensé qu'il s'agissait d'une forme d'humour qui m'échappait un peu et je ne m'y suis pas trop attardée.

Si l'on passe outre cet aspect du livre, la psychologie des personnages est cernée de manière plutôt intéressante, même si le roman semble hésiter un peu entre plusieurs genres, puisque l'aspect policier intervient avec le meurtre de Zaira lors d'une soirée, par le fils d'un ministre. L'analyse critique de la société indienne, des préjugés homosexuels à la corruption généralisée, en opposition avec le monde de l'art, plus ouvert, est tout à fait digne d'intérêt. J'ai été sensible aussi au thème de l'amitié et des affinités artistiques.

Pour conclure, je dirai donc que j'ai été assez captivée par l'histoire et les sujets abordés pour passer outre les maladresses de forme de ce roman, que d'autre part, je trouve original et rempli de sincérité. Une citation à propos d'une photo pourrait s'appliquer au roman de Siddharth Dhanvant Shanghvi : « Tu as saisi ce qui est blessé et oublié, et tu l'as rendu quasiment joyeux. Sans jamais tomber dans la banalité. »
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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