Londres, 1968. le corps dénudé d'une jeune femme est retrouvé dans une ruelle du côté d'Abbey Road. L'inspecteur Breen est chargé de l'affaire, et oriente rapidement son enquête vers le milieu des groupies des « fab four ». Une jeune inspectrice temporaire l'assiste dans cette enquête, ce qui ne manque pas de susciter quelques sarcasmes de la part de ses collègues…
J'ai pris vraiment beaucoup de plaisir à la lecture de ce roman policier. Tout d'abord, en raison de son ambiance, celle du Londres de la fin des années soixante, une ambiance pop music, fortement marquée par les incontournables John, Paul, Georges et Ringo. L'Angleterre est un pays en pleine mutation, dans lequel une jeunesse idéaliste et contestataire, aux nouvelles idoles (chevelues, et adeptes de substances illicites), se heurte à la société traditionnelle, conservatrice, laquelle se méfie de la pop music, et regarde de travers la population noire qui vient s'installer dans la capitale de l'empire britannique. Et ceci ne se fait bien entendu pas sans une certaine tension, palpable tout au long de l'histoire. L'atmosphère est en tout cas particulièrement bien rendue, et contribue au charme du bouquin.
J'ai aussi beaucoup apprécié le personnage principal, Cathal Breen. Ce dernier est un peu mis au ban de son unité, pour s'être enfui alors qu'un de ses collègues était agressé lors d'un braquage. Ayant dû longtemps s'occuper de son père malade, avant que celui-ci ne décède, Breen est un policier un peu atypique, qui ne côtoie guère ses collègues, fait même carrément bande à part. Un personnage tout en décalage, un peu coincé, mais qui va progressivement évoluer au fil de l'histoire, au contact notamment de sa nouvelle partenaire, Helen Tozer, une jeune flic décomplexée, au caractère bien trempé et aux goûts musicaux particulièrement tendance…
Enfin, le rythme du bouquin est assez plaisant. L'intrigue évolue plutôt lentement. On suit, sur les pas de ce duo d'enquêteurs à première vue si mal assorti, et pourtant très attachant, les différentes pistes, les interrogatoires. Jusqu'à l'emballement final assez réussi, mêlant conflit au Biafra et trafic d'armes …
Ce policier possède probablement de rares défauts (par exemple, quelques affaires annexes évoquées, mais qui restent en suspens en définitive, ce qui peut laisser le lecteur sur sa faim), mais vraiment rien de rédhibitoire. Pourvu en tout cas que
William Shaw ne s'arrête pas là, et puisse nous donner rapidement des nouvelles de Breen et Tozer…