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Citations sur J'ai vu un homme (23)

« L’événement qui bouleversa leur existence survint un samedi après-midi de juin, quelques minutes à peine après que Michael Turner, croyant la maison des Nelson déserte, eut franchi le seuil de la porte du jardin »
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Pour chacun des textes qu’il livra, du millionnaire de Central Park au SDF du Bronx, la technique de Michael était la même : l’immersion. Il commençait par jouer sur le temps, en le dépensant sans compter. Constamment présent, il observait jusqu’aux plus anodins des événements du quotidien, finissant toujours, malgré sa grande taille et son accent, par se faire oublier. Il prit l’habitude de se promener en permanence avec des centaines de fiches blanches assez fines pour être glissées dans la poche intérieure de sa veste. Ce support, avait-il constaté, était plus discret et, en un sens, moins effrayant qu’un carnet de notes, car il laissait penser que ce qu’il écrivait n’était pas dûment consigné mais simplement jeté sur un bout de papier, appelé à disparaître à un moment ou à un autre.
Lorsque, après des mois de documentation, Michael sentait qu’il en avait assez vu et entendu – c’était une intuition plus qu’une certitude, une impression qui affleurait dans son champ de vision -, il sortait de l’existence de ses sujets aussi brutalement qu’il y était entré. Emportant avec lui leurs histoires jusqu’à son bureau dans son appartement de SoHo, où il s’immergeait à nouveau, adoptant un style romanesque afin de s’effacer non seulement de leur vie, mais aussi de ce qu’il écrivait sur eux. Il était bel et bien présent, à leurs côtés, pour assister aux événements qu’il décrivait – le jour où l’inspection sanitaire avait découvert un rat, le jour où un gamin avait agressé son professeur de maths, le jour où le chien du millionnaire s’était fait écraser – et cependant Michael ne figurait jamais dans la version définitive. Seuls les personnages demeuraient, menant leurs vies à la troisième personne, égrenant les heures et les jours de la ville comme les pages d’un roman.
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L’événement qui bouleversa leur existence survint un samedi après-midi de juin, quelques minutes à peine après que Michael Turner, croyant la maison des Nelson déserte, eut franchi le seuil de la porte du jardin. Ce n’était que le début du mois, mais Londres se boursouflait déjà sous la chaleur. Les fenêtres béaient le long de South Hill Drive. Garées des deux côtés de la route, les voitures bouillaient, brûlantes, leurs carrosseries prêtes à craqueler au soleil. La brise du matin s’était retirée, laissant la rangée de platanes parfaitement immobile. Les chênes et les hêtres du parc alentour ne bruissaient pas davantage. La vague de chaleur s’était abattue sur la ville une semaine plus tôt, et cependant les herbes hautes qui s’étendaient hors de l’ombre protectrice des arbres commençaient à jaunir.
Michael avait trouvé la porte du jardin des Nelson entrouverte. Il s’était penché dans l’entrebâillement, l’avant-bras appuyé au cadre de la porte, et avait appelé ses voisins.
« Josh ? Samantha ? »
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"Aucun de leurs choix n'avait été malintentionné. Et cependant, leur combinaison avait engendré plus d'obscurité que de lumière."
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Dans les boites et les bars, son caractère éphémère agissait comme une phéromone sur les hommes. Elle ne faisait que passer (..) Et cependant ils étaient attirés par elle (..) Ils venaient à elle, ils percevaient la fugacité de cette comète, comme s'ils savaient que la chance de la voir traverser leur nuit ne se présenterait pas deux fois.
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Les neurones miroirs sont l’avenir. Surveillez bien, car ils seront pour la neuroscience ce que l’ADN a été pour la biologie. Pensez-y, ils sont à l’origine de tout. De tout !
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La vie, lui semblait-il, était un instrument, il suffisait de trouver quel air on pouvait jouer.
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Jusqu’à sa rencontre avec Michael, sa vie avait été une longue séquence de vagabondages plus ou moins excitants. Les aéroports la détendaient, comme si être en transit était son état naturel. Ses souvenirs les plus intenses étaient des arrivées et des départs, parenthèses entre lesquelles se déroulaient les chapitres successifs de son existence. Pour Caroline, s’abandonner au rythme aléatoire des événements constituait une forme de liberté. Être envoyée en reportage au dernier moment, ne pas savoir où elle allait, ni quand. Sentiment familier l’inconnu.
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De la même manière , Michael trouvait un certain soulagement à ce que Caroline soit une inconnue pour Josh et Samantha. Josh croyait bien avoir vu l’un de ses reportages une fois dans un hôtel à Berlin, mais il n’en était pas persuadé. Ce qui était sûr , en revanche, c’est que ni l’un ni l’autre ne l’avaient jamais rencontrée en personne. A leurs yeux, sa mort était juste un événement dans la vie de Michael. Une chose avec laquelle il était arrivé à leur porte, comme avec le reste de son passé, alors qu’avec ses amis d’avant, il se sentait lesté d’une perte. Pour Samantha et Josh, Caroline n’existait qu’à travers ce que Michael racontait. Quand il leur parlait d’elle, il s’entendait raconter sa vie, et non sa mort. Ainsi, pour eux, il n’y avait pas d' »avant » Caroline, il n’y avait que l’écho d’un être, qui résonnait encore chez cet homme assis à leur table, non pas comme une absence mais comme une partie de lui. (p. 91)
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Il avait les manières simples et brutes d'un homme qui a décidé d'éviter les conflits. Non pas par peur de manquer d'arguments, mais juste pour s'épargner l'effort.
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