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Critique de sylvl


On a énormément épilogué sur le roman de Mary Shelley et sur tous les films qui en ont été inspirés. Plus qu'un ouvrage littéraire, Frankenstein s'est hissé au niveau d'un mythe contemporain, loin de la fable philosophique qu'il était censé être au départ. Il s'agit aussi d'un des rares ouvrages fantastiques attribué à une femme. Et pas n'importe laquelle ! Mary Shelley, née Goodwin, a été la seconde épouse du célèbre poète britannique Percy Shelley. Douée d'un esprit vif, elle a toujours été tenue en estime par sir Francis Byron, un autre grand nom des lettres anglaises, qui la considérait comme une écrivaine de talent. Au cours de sa carrière, elle a accumulé des textes fort variés, parus pour l'essentiel dans des revues et oubliés de nos jours. Sa prolixité lui a naturellement valu une reconnaissance de son vivant. Outre « Frankenstein » et « le dernier homme », elle s'est attachée à dresser une biographie de Pétrarque et de Machiavel, sans omettre une autobiographie bien utile pour affiner la connaissance de son oeuvre et celle de son mari. Si le public le confond souvent avec sa créature, le baron Victor Frankenstein était le prototype de l'expérimentateur damné. Pas un fou ! Un idéaliste qui avait choisi de mettre la science au service de la vie. Plutôt les sciences, car il procédait de la chimie, de l'électricité et de la chirurgie. le Frankenstein du roman n'a rien à voir avec certaines interprétations que les réalisateurs de films lui ont parfois prêtées. Il n'agissait pas par démence ou poussé par un quelconque vice. Il cherchait simplement à faire progresser la médecine en mettant ses capacités au service de la race humaine. Son objectif ? Créer la vie en laboratoire, défier la mort et engendrer un être vivant à partir de lambeaux pourrissants. Aujourd'hui, on le sait, des médecins sont parvenus à un résultat encourageant en activant des cellules dans des éprouvettes et les essais décrits par Mary Shelley ne relèvent plus de la fantaisie pure ou de l'horreur gratuite. Sous-titré : « le Prométhée moderne », ce manuscrit fait figure de parabole. Quiconque essaie de s'identifier à Dieu subit un châtiment implacable. Dans la mythologie grecque, le protagoniste a vu son foie lacéré et dévoré chaque jour par un rapace, avant qu'il ne soit reconstitué pour être à nouveau mangé le lendemain. Frankenstein réussit son expérience au détriment de toute prudence élémentaire. Sa créature lui échappe, vient lui réclamer des comptes sur ses origines, sa raison d'exister et son avenir, l'entraîne dans une poursuite tourbillonnante à travers le monde et finit par le détruire avant de disparaître à son tour.
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