Abimagique

C'est toujours agréable de lire Lucius Shepard, il a du métier et il sait écrire. On a donc ici un récit prenant se passant dans l'Amérique contemporaine rempli de référence à la culture pop et à l'actualité. Shepard tente ici une narration à la deuxième personne ; d'habitude c'est affreux et illisible ; ici, il ne s'en sort pas trop mal et c'est juste pénible par moments. Cela n'apporte toutefois absolument rien et dessert la narration.
L'histoire est intrigante au début et tourne autour du personnage d'Abi, mystérieuse hippie-wicca très sexuelle entourée d'une aura de mystère et de sombres secrets. Tout cela nous tient en haleine jusqu'à la moitié du livre environ. Toutefois, on s'aperçoit rapidement que malgré des mises en place habiles et un suspense savamment entretenu, l'auteur n'a pas vraiment d'histoire. Il finit par nous refourguer en vrac des trucs éculés de série B sur les anges déchus et le néopaganisme tout en restant bien vague, car il n'a rien d'articulé ni d'original à présenter.
La fin peine beaucoup : faute d'histoire construite, il ne dénoue rien et essaye de s'en tirer avec une scène ectoplasmique en carton-pâte digne de Ghostbuster.
C'est bien peu convaincant et la toute-fin tombe encore plus bas en révélant l'absence totale de trame. Ce récit repose uniquement sur un personnage qui n'arrive jamais à être complètement crédible et sur son ambiance américaine. Bref, vite lu, vite oublié - à lire dans le train peut-être.