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Critique de Kenehan


Sous cette belle couverture et ce bref titre se cache une catastrophe écologique et humanitaire frappant la Californie. L'eau vient progressivement à manquer jusqu'au point de rupture : le Tap-Out, c'est-à-dire que plus une goutte ne coule du réseau de distribution. Les habitants doivent alors faire face au manque.

Si l'idée semblait a priori intéressante, notamment à l'époque actuelle où les questions liées au climat sont de plus en plus prégnantes, le résultat est loin d'être convaincant et paraît finalement mal exploité. Il ne s'agit ni plus ni moins que d'une énième fiction survivaliste où la problématique de l'eau pourrait finalement être remplacée par toutes les catastrophes imaginables et régulièrement imaginées (au cinéma par exemple). Ainsi, les auteurs nous servent un récit prémâché où convergent des personnages, des lieux et des situations vues, revues et re-revues.

Le plus gros point faible de ce roman réside à mon avis en ses personnages, pas attachants pour un sou. Archétypaux au possible, on se coltine la fille banale qui devient leader, le petit frère inutile, le mec bizarre aux passions atypiques mais gentil, le beau gosse au double visage, la rebelle qui se donne un genre, etc. Et forcément, quand les personnages nous laissent indifférent et que leurs relations, actions et mésaventures peuvent s'anticiper plusieurs chapitres à l'avance, on devient très regardant quant à l'objet que l'on tient entre nos mains !

Pourtant, j'avais plutôt apprécié ma première lecture de Neal Shusterman : "La faucheuse". Il y faisait preuve d'une imagination intéressante et caustique sur le sujet de la mort. Mais le duo avec son fils fonctionne beaucoup moins bien. Malgré tout, il ne s'agit pas d'un livre ennuyeux d'autant que les auteurs s'approprient et réutilisent les codes du récit de catastrophe mais peut-être qu'un film/téléfilm aurait été un meilleur format.

Je terminerai sur deux points. Tout d'abord, la problématique de la pénurie d'eau ne reste qu'à des considérations de surface noyées sous les épreuves répétées que doivent affronter les protagonistes. Comme je l'ai déjà mentionné, il est très facile de substituer n'importe quelle catastrophe sans que le roman ait besoin d'être beaucoup retouché. D'où mon second point : l'aspect faignant du texte. J'en veux pour preuve l'expression "zombies assoiffés" qui m'a gonflé tout au long du livre. Je ne sais pas si c'est un effet de la traduction ou un manque d'imagination des auteurs mais il n'était pas difficile de sortir un terme plus accrocheur genre les "desséchés" ou les "soiffards". J'ai l'impression qu'on tente de nous coller du zombie à toutes les sauces même quand ce n'est pas le propos ! Déjà qu'il n'y avait rien de très original ici à part le synopsis sur l'eau…

En résumé, un roman qui aurait été plus sympa s'il avait été un film ou si ses personnages valaient le coup voire s'il conduisait à une vraie réflexion sur le sujet. Il n'empêche qu'il parvient à changer brièvement notre regard sur l'eau qui nous entoure. Pour avoir en partie écouté la version audio à un moment où je faisais ma vaisselle, le contraste entre ma situation et celle des personnages ne m'a pas laissé de marbre. M'est avis que cet effet ne se prolonge pas longtemps une fois la lecture achevée d'autant que le happy end est bien au rendez-vous…

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