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Critique de hashtagceline


Caden a quinze ans. Il vit avec ses parents et sa soeur. A la maison, tout se passe bien et il est plutôt bien intégré au lycée. RAS.
Sauf que depuis quelques temps, Caden a parfois l'impression de ne plus être lui-même, de ne plus être en lui-même… Il se sent observé, menacé et de plus en plus déconnecté de la réalité…
En parallèle de l'histoire de Caden qui perd peu à peu pied, on suit les aventures d'un capitaine et de son équipage. Caden en fait partie. Sur ce navire, tout n'est qu'absurdité et désordre. Il y a un perroquet qui parle, des rats qui n'en sont peut-être pas dans tous les recoins du bateau, et des monstres tapis dans les profondeurs dans la mer. Dans ce chaos général, le capitaine néanmoins vise un objectif précis et apparemment, il a besoin de Caden.

Je ne vais rien vous spoiler puisque vous le saurez en lisant la quatrième de couverture, ce texte parle de la maladie mentale.

C'est un sujet qui a déjà pas mal été traité en littérature ado mais honnêtement, je ne sais pas si j'avais déjà lu quelque chose d'aussi percutant que le goût amer de l'abîme.

Il faut dire que Neal Shuterman sait de quoi il parle. Il connaît malheureusement bien le problème puisqu'il a perdu un ami atteint de schizophrénie. Et puis surtout, son fils souffre lui aussi de troubles mentaux... C'est d'ailleurs lui qui a réalisé les nombreux dessins qui accompagnent le texte.

Ce sont toutes ces expériences difficiles qui lui ont permis de s'approcher au plus près de la réalité vécue par tous ces malades et de nous décrire avec tant de justesse l'état dans lequel la maladie les plonge.

La grande force de ce texte réside dans le fait que le lecteur s'enfonce vraiment avec Caden dans les profondeurs de son esprit et touche de très près cette folie qui lentement gagne du terrain.

Il est difficile de mettre des mots pour expliquer et décrire clairement ce que peuvent ressentir des personnes qui souffrent de telles pathologies. Ici grâce à la construction parfaitement choisie et magistralement maîtrisée de son récit mais aussi grâce au point de vue adopté, Neal Shuterman réussit à nous faire entrevoir comment la maladie s'immisce petit à petit dans l'esprit. J'ai eu le sentiment de pouvoir comprendre les mécanismes, la façon dont l'esprit fonctionne alors quand la raison s'échappe. C'est très fort et tout à fait bluffant. Je me suis mise à la place, le temps ces 400 pages, dans la tête de Caden et de ses tourments.

J'avais l'esprit en vrac au gré des divagations du capitaine, du perroquet, de Caden et des autres. Mais j'ai aussi adoré ça.

C'est si bien écrit, c'est tellement pertinent. Et puis, derrière l'absurdité apparente, se cachent souvent des réfléxions loin de nous laisser indifférent. Enfin moi, ça m'a beaucoup parlé et fait réfléchir.

Le récit est très rythmé. Les chapitres sont courts débutant par des titres toujours pertinents et poétiques. On alterne et navigue entre moments de réalité et moment d'errance maritime.

On ne s'y perd pas. On avance, entre ces deux mondes qui cohabitent.

Caden est plus ou moins conscient de ce qui lui arrive même s'il ne le comprend pas complètement ou s'il n'en prend pas la pleine mesure. Il est le narrateur, perturbé. Ses troubles changent la vision de son monde, sur son entourage mais on saisit tout de même ce qui se passe. C'est terrible. Et c'est vraiment bien retranscrit. On sent la détresse de ses parents, impuissants. de sa soeur, qui est aussi celle qui le fait tenir.

Et puis surtout, il y a ce récit improbable et onirique où Caden évolue aux côtés de personnages fantasques menés par le capitaine mais aussi le perroquet, les deux figures qui s'opposent.

Ce récit, on ne saisit pas tout de suite quelle place il prend, ce qu'il signifie. Cela, on le découvre au fur et à mesure. On y croise un navigateur obsédé par les cartes, une figure de proue avec qui il se lie d'amitié, un mousse bienveillant mais aussi des cerveaux sauteurs et bien d'autres personnages tous plus apparemment fous les uns que les autres.
Mais rien n'est laissé au hasard.
Les deux récits se mêlent parfaitement l'un à l'autre. Tout est très cohérent dans l'incohérence des pensées de Caden. Tout s'imbrique à la perfection.

Vraiment, Neal Shuterman réussit un véritable coup de maître avec le goût amer de l'abîme.

Ce roman a été un choc et j'ai eu moi aussi du mal à refaire surface après l'avoir refermé.

A LIRE ABSOLUMENT.

Lien : https://www.hashtagceline.co..
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