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Critique de Antyryia



08 : 01
Dégueulasse. Immonde. Répugnant. Ecoeurant.
C'est la première fois qu'une lecture me noue le ventre à ce point, que mon impression de suffoquer est aussi réelle. Et pourtant, je suis habitué aux excès d'hémoglobine ( qui me font sourire ) et je suis plutôt amateur de romans amoraux, glauques, noirs ou dérangeants.
Mais là tous les auteurs de gore peuvent aller se rhabiller. Tout ce que j'ai pu lire avant c'était de la franche rigolade.
"A ne pas mettre entre toutes les mains" n'a jamais été aussi vrai. Même pas entre les miennes. Mais c'est trop tard.
Ce livre ne distille pas un malaise : il maintient une oppression.
 
07 : 02
Impossible de mettre un nombre d'étoiles. Trois, une, cinq ? Ca n'est pas un livre, c'est une expérience nauséeuse. le narrateur se nourrit de charogne au début de l'histoire. Il ne la digère pas et régurgite son repas macabre. Mais il recommence encore et encore jusqu'à ce que son corps accepte cette viande avariée.
"Il m'arrivait de manger de la viande pourrie ou de boire du sang caillé pour intensifier les visions."
Pour le lecteur c'est pareil. On tourne les pages comme pour mesurer notre degré de résistance à l'abject. Pas par passion pour une histoire où tout est prétexte à nous tordre les tripes.
 
06 : 03
Trois étoiles par défaut donc, et parce qu'il ne peut en être autrement étant donné l'importance de ce chiffre.
Le numéro 33 de la collection "Noire" chez Rivière blanche, qui rend hommage à feu la collection Angoisse ( Fleuve noir ).
"Un plus neuf plus huit plus neuf, vingt-sept, trois au cube, trois, trois, trois, vingt-sept, deux plus sept, neuf, trois plus trois plus trois, trois, trois, trois, trois cent trente-trois, le chiffre sacré, mon chiffre, la clé."
"La confession du tueur. Trois parties. Trois fois trente-trois paragraphes. Chaque paragraphe composé de trois cent trente-trois mots."
A noter qu'il existe deux versions de ce roman, qui a été initialement publié en 2011 et réédité en 2014 dans la collection Trash dans une version raccourcie ( mais à ce sujet, je vous invite à lire le commentaire de l'auteur ci-dessous ), avec trois chapitres sur les six. Ces fameux trois chapitres de confession de trente-trois paragraphes comportant chacun un nombre de mots que je n'ai pas recomptés précisément ... mais qui semblent effectivement se composer de trois cente trente-trois mots à chaque fois.
Tout un exercice de style.
Parce que, et ça ajoute au paroxysme de l'horreur, l'écriture a beau être souvent brutale et très crue, elle n'en est pas moins soignée.
 
05 : 04
Dans la version intégrale, la biographie du tueur alterne donc avec un récit parallèle dans lequel on suit un personnage prénommé Gerlan qui va tuer la femme qu'il aime sans se rappeler des circonstances l'ayant amené à de telles extrémités et qui sombrera lentement dans l'alcool, la drogue et la folie. Rien de particulièrement réjouissant donc mais à la limite, l'épouvante y est plus classique et on respire davantage quand vient son tour.
 
04 : 05
Mais dans ce fameux journal du meurtrier, rien ne nous est épargné. Toutes les formes de déviances et d'atrocités trouveront tôt ou tard leur place.
Il faut dire aussi que le narrateur n'avait que peu de chances de ne pas conserver de graves séquelles psychologiques après son enfance. Son grand-père se suicide d'un tir de fusil dans la tête presque sous ses yeux, puis c'est au tour de son père de se pendre. La mère quant à elle le privera rapidement de tout repère sexuel dès sa plus tendre enfance et entretiendra une relation de plus en plus incestueuse avec son jeune fils. Depressive, elle laissera traîner ses médicaments qu'avalera également le futur monstre, ce qui achèvera probablement de le déglinguer. Il renaîtra le jour où il tuera et mangera sa mère.
"j'agissais de manière automatique. Je n'avais aucun désir."
"J'étais l'inverse d'un loup-garou. Ma malédiction me poussait à être humain la plupart de mon temps."
 
03 : 06
Au nom du dieu Anteros ( mythologie grecque : frère et opposé d'Eros ) pour lequel il a construit un sanctuaire à base de cadavres d'animaux putréfiés, de sperme et de merde ( le personnage est obnubilé par les secrétions corporelles : larmes, sang, sueur ), le festival d'ignominies se poursuivra.
Incestes, viols, pédophilie, cannibalisme, automutilations, maltraitance, nécrophilie, scatophilie, tortures, humiliations, prostitution, exécutions, démembrements en sont quelques exemples.
Si Christophe Siebert est également auteur de quelques romans érotiques, j'imagine que les scènes explicites du roman Nuit noire en matière de masturbations et de sexe crade ( et c'est un euphémisme ) n'ont aucun rapport avec cette précédente expérience d'écrivain. Je n'ose même pas le citer. Imaginez le pire, vous serez encore loin du compte.

02 : 07
Est - on dans la surenchère d'horreur gratuite ? Oui et non. Je pense que l'objectif de l'auteur était bel et bien de choquer son lecteur en multipliant les passages étouffants, davantage que de raconter une histoire. Mais il nous laisse aussi reprendre parfois brièvement notre souffle, et même si la lecture est douloureuse, elle ne l'est pas par son catalogue de gore uniquement descriptif mais bien par son ambiance épaisse et gluante.
 
01 : 08
"En vingt ans je n'ai pas tué tant d'êtres humains que ça, deux ou trois par an, pas plus. le reste du temps je menais une vie normale."
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