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Citations sur La Chasse aux Sorcières et l'Inquisition (10)

Si j’écris: « Durant le Moyen Âge, un million de sorcières furent brûlées par l’Inquisition », combien cette assertion contient-elles d’erreurs ?
Elle en contient seulement quatre :
Ce n’était pas au Moyen Âge.
Ce ne fut pas un million.
Ce n’était pas que des "sorcières".
Et enfin, ce n’était pas l’Inquisition.

Ainsi est concentré, en une seule phrase, tout ce que des siècles de propagande anticléricale a imprimé dans notre inconscient collectif sur le sujet, qui semble bien être une des plus graves mystifications de l’Histoire de France.
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Parallèlement, la société européenne était imprégnée de magisme, venu du fond des âges. Par la magie, les hommes pouvaient invoquer des démons et leur demander des services. On a longtemps cru que l'on pouvait opérer des maléfices par magie, mais on pratiquait celle-ci en dominant les démons qu'on invoquait, en leur donnant des ordres. La sorcellerie, elle, ne fonctionne pas du tout de cette manière : ce sont les démons qui commandent aux hommes. C'est ce renversement dramatique qui mena à la grande chasse aux sorcières et aux épouvantables massacres qu'elle engendra.
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Nos « sorcières » de 1976, toutes écrivains et philosophes, ne se demandèrent apparemment pas si l’oppression réelle qu’elles subissaient venait du fond des âges ou bien de la société capitaliste et de l’avènement de l’ordre et de la morale bourgeoise républicaine.

Elles ont interprété leur souffrance véritable de femmes laissées pour compte comme étant la résultante d’une domination masculine remontant à la nuit des temps, dont l’Eglise aurait été l’instrument, et dont la chasse aux sorcières n’aurait été que la manifestation la plus atroce. Leur malheur ne venait pas des grandes mutations sociales violentes de la société, il venait du mâle. (…) C’est parce que ces malheureuses avaient voulu être libres et jouir sans entraves qu’on les avait massacrées.

Ainsi invente-t-on l’histoire à l’aune de ses fantasmes, et surtout de ses besoins. La réhabilitation de la sorcière a été la déviation d’une colère légitime (celle des femmes de bourgeois) en une gigantesque élucubration qui fleure le New Age. Cette sorcière à l’écoute des énergies cosmiques draine derrière elle toute une réflexion littéraire, linguistique et philosophique dont le point de départ est totalement imaginaire.

La sorcière-femme libérée – ou se revendiquant l’être – fut intégralement inventée par Margaret Murray, dont la thèse fut promue par les médias dominants.

Pratiquement tout ce qui a été écrit sur l’Inquisition à partir de 1829 s’est inspiré de l’Histoire de l’Inquisition en France, signé par Etienne-Leon de Lamothe-Langon.
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À partir des fantasmes de Michelet, ajoutés aux délires de Margaret Murray, tout le monde a glosé sur le culte des sorciers ! On cherchait « la vérité sur les raisons de la chasse aux sorcières » en prenant pour acquis que ces dernières avaient bien existé.

L’utilisation politique de ces mensonges eut des conséquences que l’ont peut sentir aujourd’hui encore. Dans les années 70, on s’est mis à célébrer les sorcières, auxquelles on a accolé une image de femmes libres et bienveillantes odieusement pourchassées pour avoir revendiqué… la liberté sexuelle. Le Mouvement de libération des femmes se doublait d’un mouvement de libération des sorcières, dont l’exemple devait nous rappeler combien le bonheur passait par l’affranchissement de la tutelle de l’Eglise. L’Eglise, ennemie des femmes, avait voulu et perpétré un abominable massacre d’innocentes. Réhabiliter les sorcières, c’était rétablir un droit à une sexualité débarrassée de critères misogynes et en communion avec la nature.
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Contrairement à ce qu'on laissera accroire plus tard, ce n'est pas le fait que le peuple ait pu croire que des femmes volaient à cheval sur des balais les nuits de pleine lune qui déclencha cette monstrueuse vague de répression. L'horreur se mit en marche lorsque les juges et les intellectuels ont commencé à croire à ces sabbats orgiaques. Il s'est trouvé des magistrats pour poursuivre ces réunions, et des tribunaux pour les condamner, parce que des « intellectuels » y croyaient.
Dès l'instant où la procédure inquisitoire donna à ces juges tout pouvoir d'instruire en utilisant la torture, la machine ne put que s'emballer : une dénonciation en appelait une autre, un crime menait à autre crime. Or ces procès étaient dirigés par des juridictions locales, laïques, au-dessus desquelles il n'y avait malheureusement aucune autorité suffisamment proche pour être sollicité à temps.
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Sait-on que c’est [Michelet] qui a popularisé ce mensonge éhonté qui a pour nom « droit de cuissage » ?

Il faut le dire clairement : jamais ce prétendu droit qu’aurait eu le seigneur de coucher avec la mariée paysanne le soir de ses noces n’a existé. [PERNOUD Régine, BOURREAU Alain, Le droit de cuissage – La fabrication d’un mythe XIIIe-XXe siècle]

(…) Ajoutons à ce dossier déjà lourd que pour Michelet, l’Eglise imposait à ses ouailles une morale répressive quasi totalitaire. Et il ne voit pas la contradiction qu’il y aurait eu pour l’Eglise à pourchasser les paroissiens pour des broutilles, et à autoriser le viol du sacrement du mariage ?
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Les Lumières dont l’idéologie domine notre société depuis la Révolution, nous ont légué ce jugement qui fait encore fureur et qui assimile croyance et superstition : le Moyen Âge fut chrétien, donc il fut déraisonnable dans ses peurs. La chasse aux sorcières, phénomène de la déraison pas essence, est donc moyenâgeuse.

(…) C’est là une source d’erreurs conséquentes. Car décaler les faits de 200 ou 300 ans, ce n’est pas seulement leur faire passer la barrière conventionnelle et quelque peu arbitraire entre le Moyen Âge et la période moderne, c’est changer à la fois tout le contexte religieux et socioculturel dans lequel ce mouvement s’est produit.
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Notons que si le mot satanisme était tombé en désuétude au XXè siècle, il est de nouveau utilisé aujourd'hui. L'idée reste la même que celle des origines : il existe des gens dont l'objectif est de faire le mal. Le mal absolu étant symbolisé par Satan, ceux qui propagent volontairement la misère, la douleur, la maladie et la mort sont appelés des satanistes.
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Les procès en sorcellerie prirent fin dans le royaume de France parce que tel fut le choix de l'autorité susceptible de la faire, à savoir le roi.
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Lamotthe-Langon avait un bon sens du commerce.. Il avait repéré quels étaient les critères qui faisaient d'un livre un produit vendable. Écrire contre les curés ? Les lecteurs anticléricaux ne manquaient pas. Raconter des histoires de tortures et de supplices infligés à de faibles femmes ? On avait un public assuré. Si, en plus, on pouvait les dénuder et les faire torturer par des curés, le pactole était en vue.
Il fallait donc montrer de jeune beautés sans défense aux prises avec des ecclésiastiques sadiques. Et comment mieux justifier ce genre de récit qu'en en faisant une histoire authentique ?
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