AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de CecileMK


J'ai relu le recueil de nouvelles d'Alan Sillitoe paru en 1959 dont le titre correspond à la dernière et plus longue nouvelle (une trentaine de pages) et qui fait parti de ma petite bibliothèque sportive. Alan Sillitoe est né en 1928 à Nottingham dans un milieu ouvrier et a travaillé très jeune dans l'usine de vélos Raleigh , celle-là même qu'il décrit dans son premier roman "Samedi soir, Dimanche matin" (que j'ai lu à la suite), paru en 1958 et qui connaîtra immédiatement un grand succès (traduit en une vingtaine de langues et adapté au cinéma en 1960). Ce roman et cette nouvelle ont pour sujet la jeunesse ouvrière britannique d'après-guerre. Dans "La solitude du coureur de fond", le narrateur est un jeune de dix-sept ans, Colin Smith, qui vient d'être amené au Borstal (maison de correction pour les jeunes délinquants) suite à un cambriolage d'une boulangerie. le directeur de la prison le repère pour ses talents à la course à pied et il compte sur lui pour remporter le prochain cross qui verra s'affronter plusieurs établissements. Il est donc autorisé à s'entrainer tôt le matin en toute liberté. Pendant ses entrainements, Smith se met à penser, à sa vie d'avant, à sa famille. Même s'il est largement au-dessus de ses concurrents, le jour de la course, il refuse de satisfaire le directeur et, par un acte de révolte à la face de la société bien-pensante, il ralentit et s'arrête peu avant la ligne d'arrivée. La nouvelle de Sillitoe tire toute sa force de sa langue, celle des faubourgs des Midland, pleine d'argot. C'est une pépite de la littérature libertaire.
Ainsi débute la nouvelle : "Dès mon arrivée au Borstal, ils ont fait de moi un coureur de fond en cross. Ca doit être parce qu'ils trouvaient que j'avais la découpure qu'il faut, parce que j'étais grand et musclé pour mon âge (et je le suis toujours). Au fond, pour vous dire le vrai, je ne m'en faisais guère pour ça, parce que, de courir, ç'a tout le temps été le fort dans notre famille, surtout quand il s'agit de se défiler de la police. Moi, j'ai toujours été bon à la course, avec à la fois du sprint et de la foulée, mais le seul ennui, c'est que malgré toute ma vitesse, et pour savoir jouer les flûtes, vous pouvez être sûr que je m'y connais, même si c'est moi qui vous le dis, c'est pas ça qui m'a empêché de me faire piger par les cognes le jour que j'ai fait la boulangerie."
"Parce que, quand je suis levé à cinq heures du matin, par un temps gris et glacé, le ventre creux et frissonnant sur les dalles de pierre à en attraper la crève, tandis que tous les copains en ont encore une heure à pioncer avant qu'on sonne la cloche, et que moi, je me défile en douce par les corridors pour gagner la grande porte avec ma perm spéciale de coureur à la main, je me sens à la fois comme le premier et le dernier des hommes sur terre. "

Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}