AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Philemont


Sur le Livre des Crânes...

Ils sont quatre étudiants new-yorkais d'une petite vingtaine d'années. Il y a Timothy, le fils à papa dominateur et sûr de lui, Oliver, l'orphelin pauvre qui veut grimper l'échelle de la société à la seule force de son travail, Ned, l'artiste bisexuel qui ne cesse de douter sur sa condition, et Eli, le juif lettré introverti qui découvre dans les archives d'une bibliothèque le Livre des Crânes et qu'il s'empresse de traduire.
« La vie éternelle nous t'offrons. » Telle est en substance le contenu du livre. Mais pour recevoir ce don il faut se rendre dans un monastère perdu dans le désert de l'Arizona. Il faut aussi être quatre car le vieux grimoire précise encore « deux qui trouvent la vie éternelle, deux qui trouvent la mort. » Entre amusement, curiosité, scepticisme et véritable foi, l'attrait de l'immortalité est le plus fort pour les quatre amis qui prennent la route pour traverser les Etats-Unis.
C'est l'occasion pour eux de faire un retour sur eux-mêmes, de nous raconter tour à tour les étapes de leur quête initiatique, de nous livrer leurs réflexions sur l'identité et l'altérité, de dépasser ainsi les différences sociales, religieuses, psychologiques et sexuelles qui les opposent en apparence. Chacun est finalement amené à se regarder dans un miroir et à tenter de définir leur condition d'être humain. C'est sur la vie, cette ligne de temps délimitée par la naissance et par la mort, qu'ils sont amenés à se pencher.
Avec le Livre des CrânesRobert SILVERBERG nous livre lui une autre oeuvre d'une grande profondeur, comme la plupart de celles qu'il a produit à la fin des années soixante et au début des années soixante-dix. Et ce n'est pas parce que la dimension Fantastique du roman reste au second plan que l'amateur de littératures de l'imaginaire doit s'en détourner. Au contraire, les thèmes qui y sont développés sont universels et contribueront à l'épanouissement de tous. Puisque ce n'est pas si commun dans les littératures de genre, il est urgent d'en profiter.

Sur Dying inside (L'oreille interne)...

David Selig est un célibataire new-yorkais de quarante ans. Il vit modestement de la rédaction de dissertations pour les étudiants peu scrupuleux de l'université de Columbia. Son existence serait donc des plus ordinaires s'il n'était pas doté par ailleurs d'un don extraordinaire, celui de télépathie. Encore est-il que David Selig s'est toujours montré partagé vis à vis de son pouvoir. Enfant, il appréciait l'utiliser mais vivait dans la crainte d'être démasqué. Adulte, il se sent toujours avantagé mais éprouve des remords quand il viole l'intimité d'autrui. Et avec l'âge, quand son pouvoir se met à décliner, cette ambiguïté s'accroît encore un peu plus, l'amenant à se pencher sur lui-même, en se remémorant ses expériences les plus marquantes, tout en continuant à vivre le présent.
Tel est le thème de ce qui est peut-être le chef d'oeuvre de Robert SILVERBERG. Dans L'oreille interne c'est David Selig qui livre directement au lecteur son introspection, utilisant tantôt la première personne, tantôt la troisième, soulignant ainsi l'ambivalence de sa personnalité. Sur un ton cynique à l'égard d'autrui et de lui-même, et à un rythme soutenu, il nous dévoile tous ses tourments psychologiques, qu'ils soient d'ordre existentiel, communicationnel, intellectuel ou spirituel.
Ce faisant, SILVERBERG nous fait profiter de son immense culture, multipliant tout au long du récit les références littéraires, poétiques, philosophiques et musicales. Il nous dévoile aussi une partie de lui-même puisque le (anti) héros présente d'étranges similitudes avec l'auteur lui-même, à commencer par le fait qu'il a écrit son roman alors qu'il était en pleine période de doutes quant à sa carrière d'écrivain. C'est aussi l'occasion pour lui de porter son regard de quarantenaire sur l'héritage laissé par la beat generation au début années soixante-dix, en particulier en matières de libération sexuelle et de consommation de drogues.
Pour toutes ces raisons L'oreille interne est un superbe roman humaniste. Son sujet est en outre on ne peut plus universel puisqu'il touche à la quête d'identité dans notre société en perpétuelle mutation, ce qui concerne finalement chacun d'entre nous.
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}