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Citations sur Les artistes français, tome 2 : Eclectiques et réalistes (12)

L'artiste revint plus brave que jamais à l'Exposition universelle de 1855 avec une quinzaine de tableaux, scènes de moeurs, portraits et paysages. Les principaux furent rejetés par le jury. Le Portrait d'une dame espagnole, tout à fait manqué, deux ou trois paysages, la Fileuse, et deux têtes (toujours des portraits de Courbet) furent admis. J'allais oublier la Rencontre, tableau que les journalistes baptisèrent : Bonjour, monsieur Courbet! C'est encore lui-même, traversant fièrement, le sac au dos, le bâton ferré à la main, les campagnes de Montpellier. M. Bruyas, son serviteur et son chien venus au-devant de lui, l'accueillent avec tous les égards dus à son rang et à sa dignité: « Bonjour, monsieur Courbet ! »
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On parlait de Courbet dans les rues, dans les estaminets, dans les salons. Il n'a cessé depuis lors de chanter partout lui-même ses propres louanges, ce qui est ennuyeux. Trop de vanterie fatigue le public, et quand le public lassé fuit un homme de talent et même de génie, il le fuit pour longtemps. Il est beau par moments de lutter seul contre tous ses contemporains, mais sans braver le ridicule, qui sera toujours le plus fort :
Le ridicule est plus tranchant
Que le fer de la guillotine.
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Si Corot voit deux nuages qui lui paraissent de prime abord également sombres, il s'attache à préciser la différence qu'il sait d'avance exister entre eux; puis il établit sur l'un ou sur l'autre la série de ses tons. Les deux extrêmes de l'effet général étant posés, les valeurs intermédiaires prennent leur place et se subdivisent elles-mêmes à l'infini.
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Corot n'a été l'enfant gâté, ni du public, ni des ministres, ni de l'Institut. Pendant quinze années, ses tableaux, exposés au Louvre dans de mauvais coins, ont à peine été vus. « Hélas ! disait-il, je suis dans les catacombes. » Rentré chez lui, et les larmes aux yeux devant les toiles accrochées aux murailles de l'atelier, il s'écriait : « Le talent me reste. »
Corot reçut la croix d'honneur en 1847; sa famille crut alors le comprendre, après vingt-cinq ans d'indifférence pour ses efforts. Son père commençait à dire : « Je pense qu'il faudra donner un peu plus d'argent à Camille. » Et Camille avait déjà les cheveux gris.
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Cependant M. Corot père donnait fort peu d'argent à son fils, espérant le ramener par les privations et le découragement dans le chemin du comptoir. Ici commence la lutte opiniâtre de notre artiste contre l'obscurité. « C'est merveille pour moi, dit-il, de m'entendre appeler à cette heure un homme éminent ! Quel dommage que l'on n'ait pas dit cela plus tôt à mon père, qui en voulait tant à ma peinture et qui n'y trouvait rien de bon parce que je ne la vendais pas ! »
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Les élèves de nos académiciens ne font sous leur direction que de maigres dessins pour s'exercer à concourir les uns contre les autres avec une égale ignorance. Ce qu'ils apprennent le mieux, c'est le respect et la crainte du professeur dont l'influence officielle leur vaudra des travaux et du pain, peut-être à la longue un siège à l'Institut, s'ils portent bien le joug. Léonard de Vinci, Michel-Ange, Rubens, superbes tempéraments, admirables intelligences, joignaient à l'amour de l'art celui de toutes les sciences; M. Ingres est tout simplement un instituteur routinier qui sait et enseigne son métier comme un maître d'armes connaît et professe le sien.
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David exprimait ces idées avec une énergie qu'il n'eût trouvée ni en lui-même ni dans les types vivants, et que, sur la fin de sa vie, ne lui offrait même plus l'évocation des anciens. L'enthousiasme de la Révolution étant tombé, adieu l'émulation pour l'héroïsme grec et romain. David ne léguait donc à son école que l'exemple de sa jalouse autorité. Il avait supprimé l'Académie en 1793 pour la reconstruire à son profit et n'y laisser entrer que ses imitateurs.
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De 1806 à 1820, M. Ingres perd pour ainsi dire à Rome sa qualité de Français et devient citoyen d'un peuple de statues. Indifférent aux destinées de son pays, il est tout entier à ses tableaux : l'Odalisque et l'Aritin, au moment même ou le canon de la Russie tonne sur les hauteurs de Montmartre. Nous le revoyons, pendant les journées de juin 1848, terminer tranquillement la Vénus Anadyomène au son du tocsin de la guerre civile, quand le sang des victimes coule en ruisseaux dans les rues de Paris. Heureux homme !
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Tous les artistes de l'Europe invités à ce vaste et libéral concours riaient de voir les ouvrages de l'académicien français exposés comme des reliques sur un autel priviligié. C'est ainsi qu'il triomphe sans lutte et fait de son vivant sa propre apothéose ! Que l'artiste modeste jette la première pierre à ce glorieux !
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L'esthétique des journaux est tombée plus bas encore, s'il est possible que le « premier Paris ». Aussi l'artiste, loué ou blâmé à faux, professe-t-il pour l'écrivain un légitime mépris. Il faut entendre, dans l'intimité, le peintre, le sculpteur, railler ou bafouer le critique, qui lui prête à tout instant des intentions, des idées, des qualités ou des fautes. L'artiste et l'écrivain semblent pourtant faire bon ménage. Mais, pure dissimulation! L'artiste aime mieux, d'ailleurs, subir l'iniquité que le silence. Ce qu'il lui faut quand même, c'est faire parler de lui.
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