Durant les siècles qui ont précédé le temps de William Hogarth, votre pays, Messieurs, n'eut guère à son service que des artistes étrangers. Mais, comme tout ce qui plaît aux yeux et frappe l'imagination relève directement de l'art, je ne dois pas passer sous silence ces dames Anglaises du règne de Henry VIII, de nobles et véritables artistes, qui, de leurs belles et pieuses mains retraçaient en tapisseries les épisodes de l'histoire sainte dans les hautes salles des manoirs. A la vue de ces vénérables images qui, parfois, au souffle du vent, semblaient se mouvoir et grandir comme des apparitions fantastiques, les châtelaines sentaient battre leur cœur, et les vieillards, fermant la Bible, relevaient leurs têtes attentives, comme si Moïse lui-même allait leur parler.
Oui, Reynolds est un grand maître, et son image est digne de figurer avec celles des maîtres immortels à la galerie de Florence. C'est Reynolds, c'est lui, qui, le premier, apporta dans votre école nationale cette largeur de style qui donne l'apparente fougue de l'improvisation aux tableaux les plus travaillés ; cette souplesse de modelé, cette hardiesse des contours, qui rendent les figures si saillantes et leurs mouvements si libres ; cette façon voltigeante des draperies, qui allège et ennoblit la tournure ; cette transparence dans le fond du sujet, dans le paysage, qui fait, pour ainsi dire, respirer aux êtres
imaginaires l'air vivant de la nature.
Pour faire avancer à grands pas l'art et la science, pour vaincre les monopoles injustes, pour briser les restrictions fiscales, la très éclairée et très persévérante Société des Arts étend sa propagande sur tous les points du monde. Dans le seul Royaume Uni plus de trois cents sociétés, basées sur ses principes, lui sont affiliées. Loin d'empiéter sur leurs privilèges provinciaux, loin d'absorber leurs libertés locales, la Société des Arts leur prête l'irrésistible appui de son pouvoir central métropolitain, et, par cet esprit de justice, de modération, de solidarité, sait se concilier l'estime et le dévouement des hommes les plus influents du pays. Aussi toutes ses initiatives, toutes ses résolutions ont-elles un triple caractère d'ampleur, d'énergie et de patriotisme. La Société des Arts marche comme un seul homme, et la nation la suit. Les intelligences s'animent, les volontés s'unissent, les millions circulent. Ce qu'elle veut est fait: l'Exhibition de 1851 ouvrît ses portes ; celle 1861 les ouvrira.
Conservateurs, historiens de l'art, spécialistes et restaurateurs partagent leur savoir et leur passion autour de manuscrits et de documents originaux, exceptionnellement sortis pour l'occasion des magasins de la BnF, de l'INHA et de l'École nationale des chartes. Cette séance est consacrée à l'exemplaire annoté par Camille Corot de l'Histoire des artistes vivants de Théophile Silvestre.
En 1853, Théophile Silvestre pose la première pierre d'un vaste projet éditorial consacré aux artistes contemporains, en publiant un long texte consacré à Camille Corot. Son projet d'une Histoire des artistes vivants est novateur et inédit : aux analyses de l'auteur, il associe la photographie et les propos rapportés des artistes. Ce livre d'histoire de l'art illustré par la photographie – le premier dans son genre – entend concilier critique et histoire de l'art avec les moyens les plus modernes de son temps.
La BnF conserve l'unique exemplaire complet de la notice consacrée à Corot, avec l'ensemble des photographies réalisées par Édouard Baldus, Henri le Secq et Victor Laisné. Offert par Silvestre à Corot, cet exemplaire a été annoté et raturé de la main de l'artiste, que l'on découvre soucieux de rectifier sa propre légende. Il constitue la première monographie sur Corot et fixe pour longtemps un certain nombre de traits attachés à la figure de «cet artiste aimable et sérieux, dont la vie si pure n'est qu'un long amour, qui travaille du matin au soir, et rêve comme à vingt ans la gloire sans intrigues».
Par Flora Triebel, conservatrice chargée de la photographie ancienne au département des Estampes et de la photographie, BnF, et Lyne Penet, responsable de la documentation, musée national Eugène-Delacroix
Cycle organisé par la BnF, l'INHA et l'École nationale des chartes.
En savoir plus sur le cycle des Trésors de Richelieu : https://www.bnf.fr/fr/agenda/les-tresors-de-richelieu
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