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Critique de MarcelP


"Combien de temps s'était-elle ainsi débattue contre le vide ?"

Eugénie dite Bébé empoisonne François, son mari. Hospitalisé, l'époux mortifié essaie de comprendre. Qu'incriminer ? La différence d'âge, d'éducation ? Des appétits charnels antagonistes ? Une sujétion patriarcale ? Une jalousie morbide ? le désir d'être libre ? On ne connaîtra jamais tout à fait les véritables motivations de l'évanescente Bébé... Et si son amour, à force d'humiliations, transi, quasi congelé, s'était figé en un bloc de haine ?

Dans cet examen nécropsique d'un couple, Simenon confronte deux natures. François est un terrien, lascif et sûr de lui, tandis que l'aérienne Bébé doute en permanence. Frigide parce que mal aimée, intrusive parce qu'outragée, elle se débat dans son mariage comme un insecte dans l'eau (terrifique leitmotiv du roman).

La prise de conscience tardive du mari intoxiqué à l'arsenic se traduit par une invasion de points suspensifs : la pensée avorte, les phrases se désagrègent, les souvenirs se dissolvent... le style indirect libre, cher à Simenon, insuffle ici des ruptures de tons énervantes : les détails obstruent l'essentiel et les non-dits exsudent leur venin.

Donge, songes, mensonges... le roman poudroie, jaune orpiment, rouge réalgar, blanc mort aux rats... On ne se mithridatise pas contre un amour bafoué.

Sensationnel.
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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