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Critique de FredericSoulier


Je ne suis allé qu'une fois à Oradour-sur-Glane et j'ai trouvé l'expérience malsaine. Il ne faut pas se leurrer : on croit faire un devoir de mémoire , alors qu'on fait juste preuve de voyeurisme. du tourisme noir, comme le dit Chris Simon. J'étais déjà convaincu que les nazis n'étaient pas des gens sympas, et je l'étais ni plus ni moins après avoir visité les ruines de ce village sacrifié, vu le vélo rouillé et entré dans l'église où ont péri 246 femmes et 207 enfants.
Le roman de Chris Simon part sur une idée géniale que j'aurais bien voulu avoir : des touristes payent pour expérimenter la vie de Juifs déportés vous-savez-quand (l'agence propose également au client de se mettre dans la peau de tziganes, de résistants ou d'homosexuels). Ils vont en avoir pour leur argent.
Le bouquin débute légèrement, trop légèrement pour moi : à la première personne du singulier et au présent. Quand ça commence comme ça, je me dis que le hihihi-kikoolol-mdr à la Grimaldinier n'est jamais très loin, d'autant que cette femme et son grand con de mari me sont immédiatement devenus antipathiques par leurs préoccupations de bourgeois.
Oui mais justement, l'auteur utilise ces figures pour dénoncer ce tourisme macabre perpétré par des hypocrites qui ne savent plus comment utiliser leurs RTT. A mesure que le train vers le camp avance et que le wagon se remplit, l'ambiance devient plus pesante, et c'est avec délectation qu'on voit ces touristes du macabre rattrapés par leur karma.
Le tout dernier tiers du bouquin, qui met un orteil dans l'horreur absolue, se dévore. C'est dans ces pages qu'on trouve le meilleur du bouquin, mais là aussi qu'on ressent une intense frustration.
Madame Simon, j'avais consenti à suspendre mon incrédulité pour adhérer pleinement à cette fable cynique. Tant pis s'il est improbable, voire impossible, qu'une telle... prestation puisse voir le jour, mais j'aurais été prêt à passer l'éponge si vous étiez allée au bout de votre idée, au bout du cynisme dont font preuve les neo-marchands, au bout de l'horreur que la Shoah a été. Vous auriez pu signer un grand livre si vous ne vous étiez pas contentée de donner une -somme toute - bonne et gentille leçon d'éthique à vos personnages.
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