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Critique de Presence


Ce tome est le cinquième dans la série d'anthologies publiées pour célébrer les 80 ans d'existence de l'éditeur Marvel Comics. Il comprend Iron Man 170, Uncanny X-Men 173, Fantastic Four 265, Amazing Spider-Man 252 et Annual 21, Incredible Hulk 324, Thor 378, Captain America 333, X-Fatctor 24.

Iron Man 170 (Denny O'Neill, Luke McDonnell, Steve Mitchell) - Dans une pièce secrète de la zone industrielle des Industries Stark, James Rhodes a revêtu l'armure d'Iron Man et il s'apprête à mettre le casque, alors que Tony Stark est sous l'emprise de l'alcool et que Magma détruit une installation après l'autre. Uncanny X-Men 173 (Chris Claremont, Paul Smith, Bob Wiacek) - Les X-Men sont à Tokyo au Japon en vue du mariage de Logan avec Mariko Yashida : Wolverine et Rogue sont à la recherche de Silver Samourai, pendant que Ororo Munroe neutralise quelques agresseurs, avec Yukio. Fantastic Four 265 (John Byrne) - Trapster (Peter Petruski) s'introduit dans le Baxter Building pour se livrer à un cambriolage. Peu de temps après Susan Richards se rend à Central Park pour voir les héros de retour de Battlworld. Amazing Spider-Man 252 (Roger Stern, Tom DeFalco, Ron Frenz, Brett Breeding) - Spider-Man est de retour de Battleworld avec Curt Connors : il lui faut reprendre sa vie normale, avec prise de photos de Spider-Man et essayer de prendre contact avec Black Cat (Felicia Hardy). Incredible Hulk 324 (Al Milgrom, Dennis Janke) - Bruce Banner est détenu dans une base du SHIELD, où Leonard Samson doit se livrer à une expérience pour refusionner Banner avec Hulk.

Thor 378 (Walter Simonson, Sal Buscema) - Dans sa propre forteresse, Loki est attaqué par des géants du gel, attiré par la source de froid (Iceman détenu prisonnier par Loki), alors que Thor blessé gît par terre sans connaissance. - Captain America 333 (Mark Gruenwald, Tom Morgan, Dave Hunt) - Steve Rogers a rendu son costume, refusant d'agir uniquement sous les ordres du gouvernement. Mandatée par la Commission Valerie Cooper fait passer un entretien et des tests à John Walker (Super-Patriot) qui est conseillé par son agent Ethan Thurm. Amazing Spider-Man Annual 21 (Jim Shooter, David Michelinie, Paul Ryan, Vince Colletta) - Toujours habillé de son costume noir, Spider-Man neutralise Electro. Son plus gros défi dans les jours qui viennent est de faire face aux doutes qui l'assaillent avant la cérémonie de mariage avec Mary Jane Watson. X-Factor 24 (Louise Simonson, Walter Simonson, Bob Wiacek) - X-Factor est à bord du vaisseau d'Apocalypse qui leur explique sa position et ce qu'il va faire, puis leur présente ses cavaliers de l'apocalypse. L'équipe se compose de Cyclops (Scott Summers), Marvel Girl (Jean Grey), Beast (Hank McCoy), Iceman (Bobby Drake) et Caliban.

Après un tome déconcertant consacré aux monstres plutôt qu'aux superhéros des années 1970, ce cinquième tome se focalise à nouveaux sur les propriétés intellectuelles les plus célèbres de l'éditeur Marvel. La couverture du recueil correspond à celle du magazine d'autopromotion (mais payant) Marvel Age 57 et fait apparaître plusieurs changements significatifs dans le statu quo de personnages de premier plan. le lecteur retrouve les épisodes correspondants à l'intérieur, sauf pour l'armure rouge et argent d'Iron Man. Dans les années 1980, cela fait entre 20 et 25 ans que les principaux superhéros Marvel sont en activité, depuis le premier épisode Fantastic Four en 1961. du côté de DC Comics, les personnages sont encore plus âgés, et l'éditeur a procédé à une remise à zéro audacieuse en 1986 après Crisis On Infinite Earths (Marv Wolfman & George Perez). L'air du temps est donc à la remise en question du statu quo, à l'évolution significative. Toutefois l'éditeur Marvel estime qu'il n'a pas besoin de repartir de zéro, que ses personnages sont encore assez jeunes pour pouvoir évoluer, sans impression de redite, de rabâchage. Ainsi, au cours de ces épisodes, le lecteur peut assister à une passation de l'armure d'Iron Man à un nouveau porteur, à l'évolution de la personnalité et du look d'Ororo Munroe, à l'intégration d'un nouveau membre dans les Fantastic Four, au changement de costume de Spider-Man, au retour à une peau grise pour Hulk, à une armure pour Thor, au changement du porteur de costume de Captain America, au mariage de Peter Parker, à l'évolution d'Angel (Warren Worthington).

Certains de ces changements concernent des personnages présents depuis 1962 (Spider-Man, Hulk), d'autres plus récents (Storm apparue la première fois en 1975), et un autre beaucoup plus ancien car Captain America est présent dans les comics depuis 1941. Certains changements sont moins impressionnants que d'autres : l'équipe des Fantastic Four a déjà eu des remplaçants, Steve Rogers a déjà été remplacé (rétroactivement par William Burnside et d'autres). D'autres semblent transitoires : Thor finira bien guérir et pouvoir se passer de son armure, Spider-Man pourra bien revenir à son ancien costume. D'autres semblent plus pérennes (même sans tenir compte des slogans fracassants qui les accompagnent jurant que plus rien ne sera jamais comme avant) : le mariage de Mary Jane & Peter, la transformation de Warren Worthington III. Bien évidemment, le lecteur s'attache également à voir si les formes narratives ont évolué. Pour la majeure partie, ces 9 épisodes sont écrits par des scénaristes confirmés, mais appartenant à des tranches d'âge différentes, et avec une expérience plus ou moins longue. Les bulles de pensée sont toujours en usage, à la seule exception de l'épisode de X-Factor, ainsi que les monologues explicatifs. Il faut toujours un affrontement physique minimum par épisode.

En y regardant de plus près, l'épisode à la narration la plus datée est celui d'Incredible Hulk où Al Milgrom semble s'appliquer pour reproduire les tics narratifs des années 1960 qu'il s'agisse d'une dramatisation larmoyante, ou des dessins tassés avec un mélange de références visuelles à Steve Ditko, Herb Trimpe et Sal Buscema. En termes de dramaturgie tire-larme, Louise Simonson, Tom DeFalco et David Michelinie s'appliquent aussi à reproduire l'approche de Stan Lee, mais sans sa verve et son emphase empathique. Walter Simonson reste dans le même registre, mais avec une emphase épique plus marquée. Denny O'Neill réussit à faire passer la déchéance de Tony Stark en slip incapable d'intervenir de manière efficace avec une justesse certaine, ainsi que les hésitations de James Rhodes en grand débutant. Chris Claremont est toujours étonnant de sensibilité pour transmettre les émotions de ses personnages, que ce soit le choc de Kitty Pryde découvrant Ororo habillée en cuir, ou Logan se prenant le non de Mariko en pleine face. John Byrne s'amuse avec son épisode, contraint de gérer 2 histoires distinctes qu'il sépare effectivement, pour une première en vue subjective et une seconde plus classique. L'écriture de Mark Gruenwald est pesante mais il montre comment John Walker doit passer d'un style de vie à un autre, et opérer des changements dans son entourage, avec le comportement très juste de son agent Ethan Thurm plus réaliste que caricatural.

Avec le recul des années, il est plus facile de voir en quoi les caractéristiques des dessins de Luke McDonnell allaient à l'encontre de la tendance à arrondir chaque contour pour être plus agréable à l'oeil, lui préférant un résultat plus dur, plus adulte. Par contraste, le lecteur est frappé par l'aérodynamisme des dessins de Paul Smith, l'art de travailler sur les traits pour des compositions plus élégantes, avec un encrage également très élégant de Bob Wiacek. le lecteur observe que Smith reprend des mises en page de Frank Miller qu'il s'agisse du drapeau (une case de la hauteur de la page, avec les autres qui s'y rattache) ou des cases de la largeur de la page pour le combat entre Wolverine et Silver Samourai. John Byrne fait tout tout seul et sa narration est toujours aussi plaisante à l'oeil et claire, à commencer par ce cambriolage en vue subjective. le duo Frenz & Breeding dessine dans un registre plus réaliste qui n'a pas vieillit. Il est difficile de regarder les pages d'al Milgrom du fait de cette approche très référentielle et pas toujours cohérente d'une référence à l'autre. Sal Buscema s'applique à dessiner à la manière de Walt Simonson sans réussir à en reproduire l'emphase mythologique. Tom Morgan s'inspire lui aussi d'autres dessinateurs, comme John Byrne, Mike Zeck, pour un résultat plus homogène que Milgrom, et une narration appliquée mais encore satisfaisante. Paul Ryan doit mettre en scène des séquences surtout civiles. Lui aussi reste dans un registre sage et appliqué, bénéficiant de l'encrage de Vince Colletta qui fait l'effort de ne pas écraser les visages avec ses tics personnels, pour un résultat qui n'est pas nostalgique tout en évoquant les grandes heures des années 1960 de Marvel. Enfin, Walter Simonson se lâche dans la mise en scène dramatique et spectaculaire, faisant passer la force des énergies mises en jeu, malgré des jeux d'acteur un peu trop appuyés et un degré de naïveté dans les représentations.

Au vu du volume de la production de comics de Marvel dans les années 1980, une anthologie de 230 pages contenant 9 épisodes ne peut pas donner un aperçu global. Comme l'indique Jess Harold dans son introduction, il s'agit de montrer dans quelle mesure l'éditeur était capable de faire évoluer ses personnages, de les remettre en question. le lecteur peut ainsi se faire son idée sur la manière d'insuffler de la nouveauté dans des superhéros ayant 20 ans d'âge, et sur le chemin parcouru en termes de narration visuelle depuis le début de l'ère Marvel, dans une anthologie bien conçue.
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