Je suis né quelque part,
Laissez-moi ce repère
Ou je perds la mémoire...
Au fil de la lecture du texte d'
Anne Sinclair j'ai gardé en oreille cette chanson de Maxime Leforestier.
Au début quelque peu crispant, non par son contenu mais pas son écriture journalistiquement pas terrible, ce livre trouve une réelle force dans sa dernière partie.
Au début, on attend une forme de biographie de Paul Rosenberg, ce grand marchand de tableau qui côtoya Picasso, Braque, Matisse et tant d'autres grands peintres du siècle dernier et si proches de nous.
Au début, on espère apprendre beaucoup de cette relation entre peintres et marchand mais c'est d'abord l'écriture très moyenne qui irrite et prend presque le pas sur l'intérêt du texte.
Et peu à peu, on entre dans la grande histoire, on ressent la vie de tous ceux qui ont vécu les deux guerres, on est certes, bien ancré dans la peau d'un riche marchand d'art juif mais
Anne Sinclair réussit -en bonne journaliste ? - à le faire revivre pour elle d'abord puis pour ses lecteurs au fil des pages. La vie de Paul Rosenberg, retracée, certes, à la lumière de ses relations avec Picasso, est surtout revisitée à la lumière de sa relation avec l'Amérique, son exil, la spoliation de ses biens par les nazis et sa soif de justice pour les retrouver. Et en toile de fond, c'est surtout
Anne Sinclair, elle-même, qui est en scène avec ses visites des lieux de sa mémoire profondément enfouis pour vivre sa propre vie.