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Critique de traversay


La nostalgie. Que reste t-il d'autre du passé ? Des regrets ? Oui, aussi. Kip, le cuisinier sikh qui raconte sa jeunesse au service d'un général de l'armée indienne dans Chef, se souvient d'une époque bénie et douloureuse, cinq années passées au Cachemire, comme une symphonie inachevée qui l'aura marqué, on le devine, pour le restant de son existence. Ce roman est le premier de Jaspreet Singh, né en Inde et émigré au Canada depuis 20 ans. Son écriture est à la jonction des deux cultures, exubérante et pittoresque pour le côté indien, précise et documentée pour l'aspect nord-américain. Ce n'est pas un livre exceptionnel, mais il est touchant par sa tristesse infinie et son acceptation fataliste des coups du sort. Il y est question de cuisine, de quoi mettre l'eau à la bouche, d'amour, interdit avec "l'ennemie" venue du Pakistan, de beauté, les paysages cachemiris sublimes avec ce glacier de Siachen près duquel il n'est pas rare que le thermomètre descende 50 degrés en dessous de zéro. Et puis, surtout, des souvenirs du cuisinier, on retient le message humaniste, dans le contexte explosif de la révolte du Cachemire pour son indépendance et la guerre réelle ou larvée entre les deux puissances nucléaires qui se narguent : l'Inde et le Pakistan. Jaspreet Singh aime cette terre du Cachemire et ses habitants, frondeurs et doués pour l'humour, et plaide, plus ou moins explicitement, pour qu'on leur accorde la liberté. Au fond, derrière une façade de roman culinaire et sensuel, Chef n'est-il pas, avant toute chose, un livre engagé et politiquement incorrect de Jaspreet Singh vis à vis de son pays d'origine ?
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