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Critique de ODP31


ODP31
03 septembre 2022
Le dernier Siniac pour la route. Une bonne gueule de rentrée.
Passer une année sans lire un polar de Pierre Siniac, c'est comme me demander de passer un été sans une bouteille de rosé, un Noël sans revoir le Père Noel est une ordure, un dimanche après-midi sans mon canapé ou une vie sans ma moitié. Impensable.
Dernier roman de l'auteur, Ferdinaud Celine n'est pas une parodie de l'auteur du Voyage au bout de la nuit. C'est plutôt un hommage loin des oriflammes de la République. C'est aussi un règlement de compte avec le monde littéraire. Il a la niaque Siniac, alias aussi Signac. On fait mieux comme camouflage.
Cette année-là, Dorchin, un ancien clochard et son acolyte sont invités par « gros sourcil » dans son illustre émission littéraire où la culture bouillonne façon viandox avec les abonnés habituels pour présenter « La Java Brune », roman sorti de nulle part, miracle de la littérature qui collectionne les superlatifs et qui raconte l'occupation et la libération de Paris en 45 avec tous les retournements de veste des résistants de la dernière heure. Il n'y a rien eu de mieux depuis Celine ! le grand déballage bien emballé.
Comme nous sommes dans un Siniac, je me doutais bien que cette histoire n'allait pas se limiter à la genèse d'un roman culte d'un auteur touché par la grâce.
Très vite, on apprend que Dorchin est le seul auteur du roman et que son Narcejac qui ne boit pas que de l'eau l'a piégé pour voir son pédigrée sur la couverture et profiter du succès.
Ce succès stupéfait Dorchin qui reste persuadé d'être un écrivassier incapable d'écrire le hors d'oeuvre d'un chef d'oeuvre. Il se rappelle alors la très lente gestation du bouquin.
Son vagabondage l'avait amené jusqu'à la Halte du Bon accueil, sorte de gîte d'agités réservé pour tous les recalés des hôtels traditionnels. On y trouve tous ceux qui ne ressemblent pas à monsieur tout le monde, Freaks en tout genre, ceux qui se font refouler en raison d'animaux de compagnie encombrants, ceux qui ont des gueules à problèmes ou qui prennent trop de places à table.
Sur place, la patronne de cette arche bigarrée, Céline Ferdinaud, la bien-nommée, est une ancienne libraire qui persuade Dorchin qu'il a de l'or dans les mains et qu'il doit absolument finir son roman. Pendant plusieurs années, elle va l'accompagner, taper son manuscrit et se faire payer en nature.
Malgré ses doutes, le livre est édité par un modeste éditeur et rencontre le succès. Bizarrement, les quelques critiques qui osent émettre des réserves sur ce roman, trépassent à la chaîne. le meilleur moyen d'obtenir un consensus. Méthode Poutine.
Roman foisonnant, un peu long à l'allumage, encre au diesel, mais le dénouement est imprévisible, les personnages renversants et la plume de Siniac toujours aussi acérée. Ce dernier roman est un peu un condensé de toute son oeuvre, un testament comme un bras d'honneur.
L'humour de Siniac est un monument historique qu'il faut préserver de l'oubli et qui mérite plus qu'une fiche Wikipedia. Pas de classement à l'Unesco pour les mauvais esprits. Dommage.
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