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Critique de ange77


“On l'appelle le pont du Diable.”


Immersif, oppressant et extrêmement prégnant, mêlant habilement enquête policière et fantastique, le jeu de l'Ombre confirme - si besoin était - le talent de son auteur à nous livrer un récit mené de main de maître, au suspens haletant et aux personnages toujours aussi tourmentés qui nous marquent profondément et de manière indélébile.

“Fuir tout ça. Courir après la mort, et la trouver, peut-être.”

Littéralement suspendue aux mots - et aux maux - de Sire Cédric, une fois encore...


“Je - ne - suis - pas - fou.”


***

D'un côté on suit Malko Swan ; compositeur reconnu - mégalomane peu avenant dont la désinvolture n'a d'égale que son addiction aux sensations fortes, aux drogues et aux femmes - réchappe miraculeusement d'un terrible accident de voiture duquel il ressort donc sans une seule égratignure, en apparence du moins. Car s'il s'en tire effectivement indemne, c'est au comble de l'ironie que le musicien se retrouve amnusique (c-à-d, incapable désormais de percevoir la moindre note de musique).
Dès lors, l'artiste amputé de son don n'aura de cesse de chercher à comprendre le mal qui le ronge.
Malheureusement, un "Shadowplay" mortel a commencé. L'Ombre est là, toujours à l'observer et à le manipuler à sa guise...

“ Jack lui répète sans cesse que les femmes sont sa plus grande faiblesse, et que cela le finira par le perdre. C'est la stricte vérité.”


Parallèlement, on retrouve Alexandre Vauvert, pareil à lui-même, enquêtant sur une série de meurtres de femmes d'une sauvagerie sans commune mesure.
On fait la connaissance de Larrieu, nouvellement intégré à l'équipe, et qui semble cacher d'indicibles secrets... ce qui n'est pas sans agacer son supérieur. Vauvert décide pourtant de ne pas l'assaillir de questions, préférant laisser venir à lui le petit nouveau, à la condition que ses états d'âme n'interfèrent aucunement dans leurs investigations...

“Déjà, quelque part en lui, un mauvais pressentiment commençait à naître. Comme un frisson qui remontait dans son ventre.
Un très mauvais pressentiment.”


On fait donc face à deux récits simultanés qui s'entremêlent intelligemment pour notre plus grand plaisir.


“Rester aux aguets, comme un fauve pistant sa proie. Il pouvait humer l'odeur du sang à venir, et son pouls s'accélerait, petit à petit, à mesure qu'il se rapprochait de cet instant où tout basculerait. Cet instant où le chaos reprendrait ses droits. Bientôt.”

***


Le jeu de l'auteur m'a complètement subjugué, et si je m'attendais naturellement à tomber de nouveau sous le charme, je n'imaginais pas à quel point celui-ci réussirait à me surprendre...

L'écrivain gothique malmène nos esprits avec une facilité inouïe.
Il m'a personnellement fait bifurquer sur chacun des indices semés aux quatre vents de ce roman captivant. Et moi, j'ai foncé tête baissée dans toutes ses chausse-trappes insidieuses sans jamais me rendre compte de rien, convaincue par une sorte d'intuition (pourtant faussée d'avance). Arrivait systématiquement la révélation suivante qui venait chambouler toutes mes suspicions... Ce, jusqu'à la toute dernière bien entendu.

Le jeu de l'Ombre surpasse, et de loin, nombre de thrillers qualifiés de page-turner.
Décrochage juste impossible.


L'épilogue m'a énormément touchée : une fable - comme les paroles d'une chanson peut-être - à lui seul. D'une infinie tristesse, cette fin m'a simplement "achevée".


À mes yeux, Sire Cédric maîtrise définitivement l'art et la manière de tenir son lecteur en haleine sans tomber dans l'excès. Sa griffe nous enchaîne à l'histoire ; les révélations et rebondissements nous laissent sans voix ; sa frustrante capacité à en dire juste assez, mais pas trop, nous torture sournoisement ; son imaginaire addictif nous passionne et nous terrorise à la fois ; bref, son talent nous éblouit constamment.


On ne pourra d'ailleurs qu'être d'accord avec l'assertion de l'auteur Olivier Norek, qui dit ceci de son homologue :
« Chez Sire Cedric, il y a un côté Stephen King, teinté d'un petit peu d'Hitchock, et d'une sorte de vieille caméra à l'italienne, comme dans les films d'horreur de Mario Bava. »



“- Tu as une ombre bien sombre, Swan.

Plus noire que celle des autres...”



Pour en savoir plus sur l'auteur :
http://www.sire-cedric.com
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