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Critique de sebthoja


16 soupapes de 139 chevaux lancées à pleine allure, la Golf blanche arpente les routes alsaciennes. À l'intérieur se joue un drame familial. Elle devient le symbole de cette violence insoutenable qu'exprime avec talent ce premier roman.

C'est l'histoire d'une famille ordinaire : la mère est institutrice, sillonnant l'Alsace au gré des remplacements qu'elle doit effectuer, le père est cadre, responsable technique dans une usine de cuisines aménagées. Ils ont deux enfants : Charles, l'aîné, et une petite fille, Flora. Ils vivent dans un pavillon d'un quartier tranquille de Sélestat, une ville moyenne à la limite entre le Bas et le Haut-Rhin. On pourrait penser qu'ils ont tout, ou à peu près, pour être heureux.
C'est sans compter le mépris, l'humiliation, le désamour et la folie qui remplissent l'espace sentimental de cette famille à l'apparence paisible. Sitôt la porte du foyer refermée, la violence peut se manifester. À tout moment, sans raison ou presque, des prétextes la plupart du temps : un objet mal placé, un mot de trop. Ce n'est pas le moment, ce n'est pas de sa faute, « c'est les nerfs » : le père justifie toujours ses crises de colère. Des injures, en allemand sa langue maternelle, des meubles brisés pour lesquels on avait patiemment économisés, et des vies brimées pour toujours : celle de la mère, de la soeur, et de Charles, le fils et auteur qui écrit ce livre rédempteur.
Ce père, son père, qu'il ne nommera jamais, Charles Sitzenstuhl en déroule la cruauté dans une langue claire et précise parfaitement maîtrisée. Lui qui sera dans son enfance sans cesse rabaissé : il ne court pas assez vite, ne nage pas assez bien, ne comprend rien à rien, nous déroule le fil d'une terreur domestique tragiquement banale. de ses six ans à ses treize ans, jusqu'à l'asphyxie de sa famille, jusqu'à la folie paternelle, il démontre brillamment la barbarie d'une enfance infernale dans ce premier roman salvateur, à la portée aussi personnelle qu'universelle.
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