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Critique de ManouB


Dans ce roman, Marie Sizun brosse le portrait de ses ancêtres en dévoilant peu à peu le mystère qui entoure leur vie. Grâce à son talent de romancière, elle leur redonne une place au sein de la famille en imaginant ce qu'ils ont vécu...
Lorsque Léonard Sézeneau, l'arrière-grand-père, rencontre Hulda, il est professeur de français. Elle sort du pensionnat et sa fragilité le touche. Tous deux se marient malgré la différence d'âge. Il s'établit bientôt à Stockholm où il devient négociant. Ils vivent dans l'aisance et lui décide, pour la soutenir, d'engager une gouvernante pour s'occuper de leur quatre enfants, d'autant plus qu'il désire que ceux-ci apprennent le français (sa langue natale) en parallèle du suédois, la langue de sa femme.
Livia paraît être la jeune fille idéale pour ce poste. Fille d'un acteur ayant travaillé à l'Opéra Royal de Stockkholm, elle ne manque pas de culture et parle très bien le français. Elle, qui a trop souvent été rejetée par les siens, devient vite indispensable à la survie de la famille Sézeneau.
Elle devient en effet plus qu'une simple domestique : les enfants l'adorent et trouvent auprès d'elle un équilibre salutaire. Léonard éprouve de plus en plus de plaisir à voir la jeune fille. Elle devient une amie pour Hulda qui se retrouve très isolée, et se confie à elle. Mais leur amitié est fragile et à la tendresse se mêle de la jalousie et de la pitié...
Un jour, Léonard cède devant la jeunesse et à la fraîcheur de la gouvernante. Lorsque la fragile Hulda le découvre, elle n'ose le croire car elle ne peut se passer de Livia qu'elle considère comme son amie.
Dans cette maison de Meudon, froide et austère, loin de l'aisance financière de Stockholm, où la famille vient de déménager, la jeune femme devient instable, perd le goût de vivre et s'alite souvent, délaissant les enfants...et ne supportant plus les absences prolongées de son mari.

L'essentiel de ce roman n'est pas dans l'histoire mais bien dans l'écriture particulière de l'auteur, à la fois pudique et tendre. Elle suggère plus qu'elle ne décrit et nous fait entrer par petites touches comme elle le ferait pour un tableau, dans l'ambiance particulière de cette famille bourgeoise d'un autre siècle... J'ai eu beaucoup de plaisir à découvrir cette Livia cultivée et indépendante, comme peu de femmes pouvaient l'être à cette époque, parlant plusieurs langues...cette autre arrière-grand-mère, celle dont personne n'a jamais voulu parler et dont aucune photo ne reste dans l'album de famille comme si on avait voulu à jamais en effacer la trace.
Mais l'auteur se place aussi du côté de Hulda, l'épouse fragile, élevée dans un pensionnat, petite jeune fille timide et empotée que l'amour rendra belle et qui placera tous ses espoirs dans son mariage avec son beau professeur de français dont elle est tombée folle amoureuse et qui, lui, malgré leur différence d'âge a succombé à ses charmes comme il le fera plus tard à ceux de Livia.
Cette double exploration, toute en délicatesse et en pudeur de chacune des deux femmes liées par l'amour qu'elles portent au même homme, pourtant si froid, égoïste et absent, crée une forme d'intimité dans le récit. le lecteur se place aussitôt du côté de ces femmes romantiques et assiste impuissant à leur lente descente aux enfers.
L'ensemble est enrichi par une plongée dans l'époque et les deux pays si différents au point de vue culturel que sont la Suède et la France du XIXe siècle.
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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