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Critique de Sachenka


J'adore ces romans, comme Un père lointain, où le protagoniste est partagé entre deux identités. Ce type de personnages à part, spécial (pour ne pas dire en marge) réussit toujours à jeter un regard unique sur le monde qui l'entoure. Dans tous les cas, il peut mieux en percevoir les apports, les bénéfices et les limites de chacunes. Et, quand l'une de ces identités est française, il apporte avec lui un bagage estimable. Paris et la France dégagent habituellement une aura enviable, rappelant la culture, l'art et la littérature.

C'est le cas de Jacques, né d'un père français immigrant et d'une mère chilienne. Il a grandi dans un village de province, quelque part au fin fond des Andes (c'est tellement reculé qu'on s'attend à ce que le train ne passe plus bientôt). Ce jeune homme revient, brevet d'enseignement en poche, au moment où son père les abandonne, lui et sa mère. Il essaie de ne pas trop y penser en ce concentrant sur travail (ses élèves), en traduisant des oeuvres françaises pour le journal local, ou en rêvant de serrer enfin une femme contre lui. Il y a bien cette Teresa…

Pas besoin de beaucoup plus pour me plaire. Et c'est exactement ce que propose l'auteur Antonio Skarmeta. Il ne se passe pas beaucoup d'action dans ce court roman, à part cette excursion dans la ville voisine. L'histoire toute entière repose sur ce jeune homme à la santé fragile mais passioné par la langue française. Il n'est plus un enfant mais l'absence du père pèse lourdement sur ses épaules. Malgré cela (ou peut-être en est-ce la cause), il s'intéresse grandement au sort des jeunes qui lui sont confiés, dont Augusto.

Un père lointain est un de ces petits bijoux de la littérature. Tous les éléments mentionnés plus haut, et d'autres encore, finissent tous par s'entremêler et ne former qu'une seule et unique trame. C'est tellement intelligent. J'aime ces personnages avares de paroles, qui racontent beaucoup plus avec leurs gestes et leurs silences. J'aime cette évocation de la vie campagnarde, de ces gens pauvres et simples qui espèrent mieux sans vriament y croire, qui vont au village voisin écouter des films au cinéma ou voir les putes.

Ce roman m'a tout de suite fait penser à un autre du même auteur, Une ardence patience (aussi connue sous le titre le facteur). C'est écrit dans le même style, j'y ai retrouvé la même poésie, la même sensibilité. Un bonheur de lecture !
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