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Critique de panurge


RECHERCHE ET DESTRUCTION

• le contexte

« La guerre, brutale et peu glorieuse, n'est qu'un horrible gâchis.
Le combat laisse une marque indélébile sur ceux qui sont contraints de l'endurer. Les seuls facteurs de rédemption étaient le courage incroyable de mes camarades et le dévouement qu'ils avaient les uns envers les autres. L'entraînement du Marine Corps nous enseignait à tuer avec efficacité et à essayer de survivre mais il nous apprenait également la loyauté les uns envers les autres-et l'estime. C'est cet esprit de corps qui nous a permis de tenir » (E.Sledge)

Les batailles de Peleliu (15 septembre-25 novembre 1944) et d'Okinawa (1er avril 1945-4 juillet 1944) s'inscrivent dans la conquête progressive d'iles du Pacifique permettant de mettre le Japon à la portée d'un débarquement américain
Le coût des combats est le suivant :
- -Peleliu : 8769 américains tués, blessés ou portés disparus ; 11 000 japonais tués
- Okinawa : plus de 50 000 tués dont 15 000 marins; perte de 50 pour cent pour les 1ères et 6ème divisions de Marines

"Ces affrontements relevaient de « lutte d'anéantissement existentiel et ce massacre était alimenté par une haine politique, culturelle, et raciale qui ne faisait pas de quartier » (V. Hanson-Introduction) .

• L'écrivain

"Aucun n'en est revenu intact ; nombre d'entre eux ont donné leur vie, certains leur santé, d'autres leur équilibre mental. Tous ceux qui ont survécu se souviendront longtemps de horreur qu'ils préfereraient oublier ; ils ont cependant souffert et accompli leur devoir afin qu'une patrie protégé puisse profiter de la paix si chèrement acquise.
Nous avons une dette de profonde reconnaissance à l'égard de ces Marines » (E.Sledge)

Eugen Bondurant Sledge (surnommé « Sledgehammer »-Marteau de Forgeron ou Massue-par ses camarades de combat) (1923-2001). Il fut enrôlé comme servant de mortier de 60 mm dans la Compagnie K, 3e Bataillon, 5e régiment, 1re division des Marines (K/3/5). Son livre précis, documenté sur les dates et lieux, retrace la guerre nue que se firent américains et japonais.

• le livre
Dédicacé « à la mémoire du capitaine A.A Haldane commandant bien-aimé de la K/3/5 et aux vieux de la vieille », cet ouvrage est devenu une référence historique. Il a servi de base (avec le livre de Robert LeckieHelmet for my pillow ») à la mini-série Pacific.

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• le récit

« Je les ai vues de près, les morts qui ont été les vôtres, Et les vies que vous avez vécues étaient les miennes » (.R. Kipling).

« Frères d'armes » est le plus terrible récit de combat que j'ai lu jusqu'à présent.

E. Sledge décrit ce qui s'est passé comme cela s'est passé. La Guerre dans son absolue horreur.
Il restera toujours entre le survivant d'une épreuve collective extrême et le lecteur attentif, respectueux, compassionnel ce qui fait le cauchemar de leurs vies : le bruit, les odeurs, la vue, le contact avec l'inhumanité, l'aléa de leur survie qui les coince entre la nécessité absolue de parler de ceux qui tombèrent, l'aspiration à retrouver une vie banale, simple, pacifique, l'impossibilité de cicatriser (toutes celles et ceux qui passèrent par le tamis de la destruction se condamnent, dès qu'ils parlent à des personnes n'ayant pas "expérimenté" ce moment d'épouvante, à revivre directement ce à quoi ils cherchent à échapper, et à « y retourner » la nuit).

« Frères d'Armes » compte légitimement parmi les témoignages les plus importants, les plus essentiels, les plus utiles qu'on puisse lire sur les affrontements guerriers puisant dans la solidarité et dans la haine l'énergie nécessaire à la destruction de l'ennemi.

Conclusion

"Avant que vienne le prochain millénaire et que les pays cessent de vouloir asservir les autres, il sera nécessaire d'accepter des responsabilités et d'être prêts à consentir des sacrifices au nom de son pays-comme l'ont fait mes camarades ainsi que le disaient les soldats « si le pays est assez bon pour qu'on y vive, il l'est assez pour qu'on se batte pour lui. le privilège va de pair avec la responsabilité » (E.Sledge).
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