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Citations sur Néandertal nu (6)

En 2006, je me décidai à partir pour la Sibérie occidentale afin d'y présenter mes recherches sur les dernières sociétés néandertaliennes au Congrès archéologique nordique. Cette aventure allait finalement me mener durant quelques années sur les flancs occidentaux et sibériens de l'Oural polaire, sur les traces des tout premiers peuplements boréaux. On y croise aujourd'hui, perdus dans des immensités sauvages, datchas, taïga polaire et anciens goulags où s'est réfugiée, plus qu'ailleurs peut-être, une certaine mélancolie de l'âme slave, enchâssée dans des barres de béton, échouée dans d'immenses vestiges industriels, cadavres rouillés des idéaux soviétiques. Ces carcasses de fer et de pierre ne m'enchantaient guère, mais il y séjourne une profonde humanité, touchante, troublante. Je voulais la vivre, aussi. Et puis... les espaces boréaux m'avaient toujours attiré. Néandertal était-il, ou pas, une créature polaire? N'avait il pas passé l'essentiel de son existence sous les affres de la dernière glaciation? Mais que venaient faire les anciennes sociétés du Paléolithique en zone polaire durant les phases climatiques les plus rigoureuses alors enregistrées sur terre en un million d'années?
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Finalement le cannibalisme ne se limite pas à la préparation d'un steak de grand-mère sauce tartare ,mais nous parle des structures de nos émotions ,de notre rapport à l'amour et de l'acceptation delamort ,sous condition d'une forme de survie en soi.
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Il existe pourtant bien des cultures néandertaliennes très marquées. Nous autres, Homo sapiens citadensis, sommes absolument normés par notre société. Il suffit simplement de se balader dans la rue quelques instants pour constater que l'expression de la diversité se réduit peu ou prou à la coque que l'on va poser sur son smartphone ou bien à la couleur de voiture que l'on choisit. En réalité, nos sociétés ne tolèrent aucune expression réelle de pluralité. Tout est dans la coque. Si dans notre société occidentale les femmes peuvent porter aujourd'hui les cheveux longs ou courts, un pantalon ou une jupe, se maquiller ou non, la réciproque est bien plus problématique pour un homme. Nous nous inscrivons au sein d'une société surnormative, sclérosante, mais c'est au fond le propre de toutes les sociétés sapiens, actuelles, subactuelles et aussi, de toute évidence, passées. Dans toutes les sociétés de notre espèce, et en tout temps, la différence est très mal perçue et n'est tolérée que dans ses marges les plus superficielles. Il s'agit déjà là, probablement, d'éthologie, d'un phénomène enraciné profondément dans nos gènes et non d'un simple fait culturel. Nous vivons engoncés au sein de représentations très normées. Pour l'habillement, par exemple, nous parlons de codes vestimentaires. Grâce à ces codes sociaux, nous reconnaissons notre groupe et nous dissocions des autres, l'Autre étant par définition suspect de beaucoup de choses, de toutes choses répréhensibles d'ailleurs, puisqu'il n'est pas comme nous. Nous rentrons tout, toujours, de manière contrainte, dans une case, dans une catégorie. Ces codes culturels peuvent avoir été transmis sur plusieurs dizaines de générations par le passé, sans avoir fondamentalement été transgressés.
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Néandertal est mort et le caniche de mamie n'est pas un loup, heureusement pour mamie... (p.199)
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Si ces réalités sociologiques n'étaient pas noires ou blanches, strictement symboliques ou strictement utilitaires, mais présentaient une multitude de réalités subtiles dans lesquelles les activités humaines ne pourraient être classifiées dans des catégories binaires et caricaturales, alors l'ensemble de ce débat sur l'origine improbable d'un symbolisme humain devrait être considéré comme purement superficiel.
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Notre lointain Néandertal, humanité éteinte, n'échappe
pas plus que nous-mêmes à ces structures du vivant. Il nous revient, à nous chercheurs, d'en prendre pleine conscience et de ne pas, de ne plus, limiter nos regards à des approches positivistes, mécanistes, statistiques, quantifiées, rationnelles, qui représentent une négation même de la nature humaine. Une déviance scientiste de nos regards sur le monde. Ce positivisme-là, qui n'analyse chez l'humain que ses structures superficielles mathématiquement perceptibles, est une dérive, un échec, un écueil de la pensée. Ce positivisme porte, en lui, une forme de négationnisme et de la nature humaine, et des logiques animales enracinées en l'homme. Il se cache derrière des graphes, des mesures, des tableaux, pour ne pas avoir à regarder de trop près, droit dans les yeux, le fond de la nature humaine. Elle est rigueur, certes. Mais cette rigueur a la pertinence du statisticien comptant le nombre de gouttes d'eau contenues dans l'océan. Elle est prudence, aussi. Mais cette prudence est celle de la pudeur. Cachez cet homme que je ne saurais voir...
En limitant l'homme à sa rationalité quantifiable, en vérité, ce positivisme s'espère science.
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