Citations sur Seul autour du monde sur un voilier de onze mètres (18)
Je m’étais déjà aperçu que la solitude était une mauvaise chose, aussi trouvais-je compagnie dans tout ce qui m’entourait : parfois tout l’univers, et parfois mon insignifiante petite personne. Mais les livres étaient encore mes meilleurs amis.
Il fut un temps où, lorsque des navires se rencontraient en mer, ils réduisaient la voilure et faisaient un bout de causette, puis, au moment de se séparer, tiraient en l’air un coup de pistolet. Ces beaux jours ne sont plus. Les gens n’ont plus le temps de s’arrêter sur le vaste océan pour échanger des nouvelles, et, pour ce qui est de tirer, ils n’ont plus les moyens de s’acheter de la poudre. La poésie de la mer s’en va ; c’est une vie bien prosaïque quand on ne prend même plus le temps de se dire bonjour.
La journée était merveilleuse, trop belle même pour que l’on pût se trouver bien à terre
Je fus d’ailleurs parfaitement satisfait de mon cuisinier pendant tout le voyage, et lui-même n’eut jamais à se plaindre de moi. On n’avait jamais vu un équipage aussi unanimement d’accord.
Le brouillard se dissipa juste avant la nuit, et je pus voir le soleil se coucher. Lorsqu’il eut disparu, je me tournai vers l’est et là, juste au bout du beaupré, je vis une souriante pleine lune sortir lentement de la mer. Neptune lui-même montant à mon bord ne m’aurait pas surpris davantage. « Bonsoir, madame ! criai-je, heureux de vous voir ! » Depuis ce soir-là, j’ai souvent eu de longues conversations avec la lune. Elle a eu toute ma confiance pendant le voyage.
Mon père était le genre d’homme qui, abandonné sur une île déserte, aurait réussi à rentrer à la maison, à condition de trouver un couteau et un arbre.
Les jours passaient, heureux, partout où mon bateau naviguait
J’étais donc destiné à naviguer dans la plus grande solitude, mais cela n’avait pas d’effets néfastes ; au contraire, les heures de méditation en mer faisaient croître en moi un sentiment de charité et de bienveillance