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Critique de Presence


Ce tome comprend les épisodes 9 à 15, initialement parus en 2015, tous écrits par Dan Slott. Olivier Coipel a dessiné les épisodes 9 à 11, ainsi que l'épisode 14, avec un encrage de Wade von Grawbdger. Giuseppe Camuncoli a dessiné les épisodes 12 à 15, avec un encrage de Cam Smith. La mise en couleurs a été réalisée par Justin Ponsor.

Un coup de téléphone de J. Jonah Jameson tire Peter Parker de son sommeil. Il se rend au Parc Armstrong pour investiguer sur d'étranges lueurs et tombe sur Morlun. Celui-ci n'en fait qu'une bouchée. C'est la fin du Spider-Man de la Terre 449. Sur la Terre 001, Morlun rentre dans la demeure de sa famille, où il croise Verna et Daemos, 2 des membres de sa famille.

Sur la Terre 616, Peter Parker est réveillé par Silk (Cindy Moon). En se baladant entre les buildings, ils repèrent un vol à main armé. Ils interviennent et ont la surprise de bénéficier de l'aide de Sipder Woman (Jessica Drew), Spider-Girl (Anya Corazon), Spider-Man (Miguel O'Hara), Spider-UK (Billy Braddock), Spider-Girl (Mayday Parker), et Spider-Ham (Peter Porker). Une fois le cambriolage réglé, les nouveaux arrivants les emmènent à Central Park sur la Terre 13.

Le tome précédent l'avait annoncé : Dan Slott pioche dans les épisodes écrits par Joe Michael Straczynski pour alimenter son intrigue. Plus précisément, il reprend l'idée de l'araignée comme animal totémique, et d'une race d'individus ayant pour vocation de se nourrir de la force vitale des personnes affiliées à cet animal totémique. C'est donc le retour de Morlun, et en plus il a des frères et soeurs, et même un papa. Devant une menace dépassant tellement l'entendement, Peter Parker a la chance de pouvoir disposer de l'aide de toutes ses contreparties des autres dimensions (enfin, ceux encore vivants) et d'autres superhéros rattachés de plus ou moins près à l'araignée (parce que Jessica Drew, ce n'est pas sûr que la source de ses pouvoirs ait encore à voir avec une araignée).

Avant même d'ouvrir ce tome, le lecteur a bien compris la nature du récit. Il s'agit d'une forme de crossover d'un genre un peu particulier, puisque les seules séries impactées sont celles reliées à Spider-Man. Il sait également qu'il s'agit plus d'un événement, que d'un crossover. Il a donc en tête les spécificités de ce genre de récit : beaucoup de personnages, beaucoup d'actions de grande ampleur, peu de temps d'exposition pour les personnages, des raccords compliqués avec les épisodes des autres séries, et des expédients narratifs pour que tout ça ne dure pas des mois et des mois.

Côté plein de personnages, Dan Slott avait promis que toutes les incarnations diverses et variées de Spider-Man à travers les décennies et les Terre parallèles feraient une apparition. Il n'a pas menti. Sur la couverture, il est possible d'identifier Miguel O'Hara (Spider-Man 2099), Jessica Drew (Spider Woman), Ben Reily (Spider-Man de la Terre 94, un clone de Peter Parker), Anya Corazon (Spider-Girl) et même Miles Morales (Spider-Man de l'univers Ultimate, Terre 1610). À l'intérieur le lecteur familier de l'histoire du personnage retrouve la version Captain Universe, la version Superior (Otto Octavius), et même la version Spider-Monkey, ainsi que de nombreuses autres. Olivier Coipel et Giuseppe Camuncoli ont fort à faire pour pouvoir les représenter tous, en conservant à l'esprit les caractéristiques de leur costume, parfois des variations mineures.

Slott s'amuse à mettre en valeur quelques-uns d'entre eux, le temps d'une séquence. Il faut avoir le coeur bien accroché pour contempler Spider-Ham tout nu. Dans le cours de l'épisode 11, le lecteur tombe sur 2 pages extraordinaires dans lesquelles Spider-Man 616 et un autre passent par l'univers du dessin animé de Spider-Man de 1967 (ce crossover se poursuit dans le numéro 1 de "Spider-verse team up"). le scénariste ramène donc le temps de cette histoire le Superior Spider-Man, et il intègre de nouvelles versions, telle Spider-Gwen (et d'autres).

Grâce aux épisodes préparatoires du tome précédent et à un véritable investissement affectif dans cette mythologie, Dan Slott réussit à impliquer le lecteur dans cette réunion massive, et à faire décoller son intrigue pourtant lourde de personnages. Il bénéficie des dessins somptueux d'Olivier Coipel dont les personnages dégagent une présence impressionnante sur la page. Ils sont à la fois élégants, élancés (pas de bodybuilding systématique), mutins dans certaines expressions, avec des postures vives et cinétiques. Coipel conçoit des mouvements de caméra pour éviter l'enfilade de têtes en train de parler, et pour montrer un maximum de Spider-Man à tour de rôle. Il est bien secondé par le travail de Justin Ponsor qui ajoute des halos de lumière quand nécessaire pour faire ressortir le passage entre les dimensions.

Il est visible dès le deuxième épisode que Coipel fatigue pour les décors et les arrière-plans. Il est vrai que le scénario ne propose pas des environnements très variés, et que le lieu de rassemblement des Spider-Man manque de caractère. Par la suite les dessins de Camuncoli souffrent du même défaut, de manière un peu moins patente, mais tout aussi présente. Malgré ce défaut, Coipel et Camuncoli savent mettre en valeur chaque apparition de nouveau Spider-Man, ou chaque moment de gloire de l'un d'entre eux (l'attaque massive du robot géant japonais par exemple).

Le lecteur se laisse donc porter par cette intrigue de grande ampleur qui rassemble tout ce que la création a porté de Spider-Man, tentant tant bien que mal de reprendre pied face aux adversaires qui ont déjà tué tant des leurs. Les actions d'éclats sont bien au rendez-vous, et les petits expédients narratifs commencent à apparaître. Pour commencer, Dan Slott fait bien attention d'expliquer que Spider-Man 2099 est en vadrouille dans le présent, ce qui explique qu'il coexiste avec Spider-Man 616. Par contre, il n'explique pas pourquoi ou comment Mayday Parker se retrouve à la même époque que tous les autres, alors qu'elle vient d'un futur alternatif. Allez, soyons bon prince, et admettons que l'évolution sur cette Terre s'est faite avec de l'avance ce qui expliquerait qu'elle soit contemporaine de Spider-Man 616 (et puis on applique le même raisonnement au Spider-Man 1602).

Il y a aussi d'autres aspects qui exigent une augmentation significative du niveau de suspension consentie d'incrédulité, à commencer par cette histoire d'animal totémique. Straczynski ne s'était pas trop étendu sur le détail, et Slott le reprend en l'état. du coup le lecteur se demande pourquoi certains personnages qui n'ont aucun superpouvoir apparenté aux capacités d'une araignée sont aussi sous la tutelle de cet animal totémique. Slott ajoute encore une couche avec une histoire de prophétie concernant le Descendant, l'Autre et la Promise. Pourquoi pas ? Mais le lecteur ne sait pas trop ce qui désigne les 3 Spider-Man comme étant ces 3 individus annoncés, et les rouleaux de la prophétie remis à Jessica Drew ne servent finalement pas à grand-chose.

Comme dans toute histoire de ce genre, les responsables éditoriaux font tout pour en tirer tout le chiffre d'affaire possible, en y ajoutant des récits connexes. Dans l'intégrale Spider-verse, le lecteur peut ainsi lire les 2 épisodes de la minisérie Spider-verse, les 3 numéros de Spider-verse team-up, les 4 premiers épisodes de Spider Woman, les 3 épisodes de Scarlet Spiders, et les 3 épisodes de Spider-Man 2099 afférents. On passe ainsi d'un récit de 160 pages à un récit de plus de 600 pages. Donc dans le présent tome, à de nombreuses reprises, des personnages sortent de l'intrigue pour aller accomplir une mission ailleurs, et ne revenir qu'un ou deux épisodes plus loin. Cela peut s'avérer un peu frustrant par moment.

Ce Spider-verse s'impose comment un événement majeur dans la mythologie de Spider-Man Dan Slott et Olivier Coipel réussissent à faire décoller le récit, installant un suspense quant à l'affrontement contre les Héritiers (la famille de Morlun), tout en gérant une distribution pléthorique de Spider-Man. le dessinateur tient le choc en faisant en sorte que le lecteur puisse distinguer entre les dizaines de version de Spider-Man, par contre il a bien du mal à donner de la consistance aux décors, dont l'importance dans le scénario est toute relative. Giuseppe Camuncoli ne fait pas beaucoup mieux, avec des arrière-plans un peu plus présents, mais pas beaucoup plus substantiels. Arrivé dans son dernier acte, le récit peine à donner des réponses satisfaisantes, et même à conserver l'emphase des premiers actes. 4 étoiles pour le plaisir de voir tous ces Spider-Man, et pour leur représentation très élégantes d'Olivier Coipel. 3 étoiles pour un lecteur plus attaché à l'intrigue.
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