Le rire du tigre : Dix ans avec maître Deshimaru

Marc de Smedt raconte son amitié avec le maître zen Daisen Deshimaru. Depuis sa première séance de zazen jusqu'à la mort du maître, c'est une dizaine d'années qui sont relatées en compagnie de ce sage. On sent l'auteur ébloui par ce personnage qui lui a fait découvrir les richesses et les possibilités de la méditation zen. L'époque d'ailleurs s'y prêtait bien. Nous sommes dans les années 70, et l'occident commençait à découvrir, en masse, les spiritualités extrêmes orientales, au fil des influences dans tous les domaines. C'est donc dans ce contexte que Marc de Smedt nous confie des éléments de sa vie, professionnelle, culturelle, intime, en suivant les pas de son maître. C'est aussi ce qui en fait un témoignage un peu daté. Maintenant, depuis le développement de la pleine conscience, la méditation n'étonne plus grand monde et chacun y va de sa pratique plus ou moins syncrétique, moi le premier. Cependant, tous les préceptes sont là, énoncés, explicités : le rôle primordial du souffle, la posture, la vacuité, l'ancrage dans l'instant présent, le satori... Rien de changé dans cette pratique plurimillénaire si ce n'est que de nos jours les bénéfices sur le corps et le mental, en sont reconnus scientifiquement. A part quelques digressions qui ne me paraissaient pas vraiment nécessaires, comme son voyage au Japon, l'auteur décrit bien qui était Daisen Deshimaru. Pour revenir un peu sur la grande liberté des années 70, dans tous les domaines, en comparaison, notre époque me parait effroyablement contrainte, formatée dans un carcan conformiste insupportable. La technologie nous impose sa temporalité et sa déshumanisation. Je regrette de ne pas être né une dizaine d'années plus tôt. Pour résumer, c'est un livre qui se lit encore très bien mais qu'il faut resituer dans son contexte.