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Critique de domi_troizarsouilles


Ce livre est chronologiquement le 3e que j'aie lu dans unesérie sud-africaine, série que voulais absolument terminer avant la fin du mois de mai – voilà qui est fait, on est le 31 mai au moment où j'écris ces lignes. J'avais repéré plusieurs titres, et commandé l'un ou l'autre… mais celui qui m'attirait le plus, pas disponible en Kindle, est arrivé trop tard, entre-temps je m'étais lancée dans celui-ci, disponible immédiatement sur ma liseuse.

Et je dois bien dire : après les deux très bonnes surprises qu'ont été mes précédentes lectures sud-africaines, celui-ci est une relative déception…
Le seul bon point, qui est certes d'importance, est que la plume est virevoltante, explosive, extrêmement visuelle. On n'est pas dans un simple roman d'aventures, on est dans un film, on « voit » tout sans avoir l'impression de faire le moindre effort, et même dans les descriptions plus précises ou techniques – que ce soit un paysage semi-désertique qui n'évoque rien de ce que l'on connaît, ou l'aménagement paramilitaire d'un méthanier tout aussi mystérieux à mes yeux qu'un vaisseau extraterrestre - on a le sentiment de tout comprendre et on suit les personnages à la trace comme si on était invisibles dans leur sillage, en train de regarder par-dessus leur épaule. Cette maîtrise est vraiment remarquable, il n'y a pas d'autre mot !
C'est cette plume très adaptable à chaque situation qui, en plus, impose un rythme tout à fait lié aux événements qu'elle raconte. Il y a beaucoup, beaucoup d'action, on l'a compris, et on croirait que notre coeur s'emballe avec celui des personnages ; mais dans l'intermède très calme qu'on a, à peu près aux deux tiers du livre, on n'est pas loin de se dire que ça devient lassant, que ce calme plat cache quelque chose… mais désormais je pense que ce soudain et très relatif ennui est sans doute voulu dans la lecture, car juste après ça reprend de plus belle !
Hector Cross, le personnage principal, ne se repose jamais, on voit tout à travers ses yeux (sous le regard d'un narrateur omniscient) ; il est sans arrêt en éveil, affuté, prêt à bondir… et le lecteur reste concentré avec lui !

Le revers de la médaille, c'est que le contenu de ce livre est aussi creux qu'il est vivant. Il y a certes des rebondissements et des retournements de situation, mais qu'apportent-ils ? Ici, on est dans un univers très manichéen. Il y a d'un côté les bons, qui sont tous beaux et/ou forts et musclés et/ou super-entraînés et/ou très intelligents chacun dans son domaine et/ou démesurément riches ou complètement désintéressés de l'argent (ce qui, paradoxalement, semble revenir au même). Et en face d'eux, il y a les méchants mais alors très méchants, djihadistes pour donner une touche bien à la mode, dont le traitre de service bien sûr ; calculateurs, incapables de respect envers qui que ce soit, et certainement pas envers les femmes ; intelligents et dangereux eux aussi mais toujours un peu moins que les gentils, et bien sûr ils sont plutôt repoussants physiquement, d'une façon ou d'une autre…

C'est inévitable, on ne peut pas vraiment s'attacher à de tels personnages. Au début, j'ai peut-être eu un certain intérêt pour Hector Cross : sa droiture, sa rigidité, sa quasi-incapacité à sourire, etc. faisait de lui un personnage certes peu sympathique, mais bien typé d'homme mystérieux, le « bad boy » au grand coeur qu'il n'ouvre pas. Mais voilà : notre bad boy ne le reste pas longtemps, il tombe beaucoup trop vite amoureux, et s'il reste très dur dans ses combats, côté privé on tombe presque dans une certaine mièvrerie. de plus, on avait vu venir le truc comme le nez au milieu du visage, et paf emballé en deux coups de cuillères à pot ! La jeune Cayla, c'est tout pareil : hyper-désagréable au début, la petite fille riche et gâtée qui vit une espèce de crise d'adolescence du haut de ses 19 ans, est extrêmement antipathique… et devient charmante en quelques pages à peine ! Je ne vais pas tous les passer en revue, car ils sont tous faits du même bois branlant : ils sont trop peu crédibles, trop stéréotypés pour qu'on puisse les trouver touchants d'une quelconque façon.

En fait, c'est tellement cliché que ce serait risible, si seulement la confrontation entre ces différents personnages ne donnait pas lieu à des scènes d'une extrême violence ou cruauté, dont je n'ai pas compris l'intérêt. Certes, quand l'auteur relate une punition publique de quelques personnes du village qui ont pêché envers l'islam – en clair : la décapitation des deux hommes d'un couple homosexuel, ou la lapidation d'une femme prétendument infidèle, auxquelles on assiste aux premières loges – on sait que ce sont des choses qui existent même de nos jours… et avec cette plume hyperréaliste, ça fait froid dans le dos ! Mais quand cette même écriture nous entraîne dans des scènes de guérilla au nom du djihad, de contre-attaques au nom de la vengeance, et que ça n'en finit jamais car on est dans un cercle de « oeil pour oeil, dent pour dent », franchement ce n'est pas ma came.

Si on ajoute à ça quelques coquilles de traduction : « Elle tamponna le derrière de ses oreilles avec un peu de Chanel », vraiment ? Certes oui, par opposition au « devant »… mais « derrière » utilisé en substantif est lourd de la connotation de son autre acception (je cite Le Robert) : « Partie du corps qui comprend les fesses et le fondement. » S'il est bien une chose que j'ai retenue de mes études en traduction, c'est qu'il faut toujours prendre garde aux connotations de chaque mot. Bref, « l'arrière » de ses oreilles aurait été plus opportun ! Et à part ça, j'ai relevé quelques traductions littérales de l'anglais pour ce qui concerne certains chiffres, comme par exemple : « les premiers quarante hommes de la force expéditionnaire » - yes, the first fourty men etc., l'adjectif « first » se place avant le nombre même, en anglais c'est la bonne forme ! Mais en français on inverse, eh oui ! Il aurait dû écrire : « les quarante premiers hommes de la force… ». Et il y a l'un ou l'autre exemple similaire.
Alors, une fois de plus, on est bien d'accord : ce ne sont que des détails sur un livre de plus de 400 pages… mais on parle d'un livre qui ne propose rien de bien intéressant, à part de l'action, de l'action et encore de l'action, beaucoup de sang et crions vengeance ! Dès lors, je deviens d'autant plus sensible à tous ces détails qui seraient passés presque inaperçus dans un livre moins désolant.

Très sérieusement, je n'ai terminé ce roman que pour les raisons habituelles : je ne supporte pas bien l'idée d'abandonner un livre, et puis comme la plume est quand même très lisible (sans que ce soit un page-turner, n'exagérons rien !), ce n'était pas insupportablement pénible d'aller plus loin. Mais franchement, dommage qu'une telle écriture serve une histoire aussi désastreuse, car peu à peu elle en perd tout intérêt ! Pour sûr je ne lirai pas la suite des aventures de Hector Cross, ça ne représente aucun intérêt à mes yeux, et je ne suis pas certaine d'avoir envie de découvrir un autre livre de cet auteur, malgré le fait que j'ai vraiment apprécié sa plume.
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