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Critique de belette2911


Si les Coeurs de l'Armée Rouge vous donnent des frissons de plaisir lorsqu'ils chantent, en 1920, ils vous auraient donné des frissons de trouille !

Russie, 1920, guerre civile… Nikolaï Levitski, soldat, vient de déserter avec son frère, se faisant passer tous deux pour morts dans un fossé.

Son but ? Rentrer chez lui et retrouver sa famille. Arrivé dans son village, celui-ci est vide de tous ses habitants, tous envolés… Certains partis au Paradis Blanc d'où on ne revient pas (torturés et exécutés) et d'autres fait prisonniers, apparemment.

Véritable enquête sous fond de guerre révolutionnaire, cet homme fera tout ce qui est en son pouvoir pour apprendre ce qui est arrivé aux siens et les retrouver.

Moi qui aime la Russie, je suis plus que bien servie avec les romans de Dan Smith, surtout qu'il explore les périodes troubles.

Ici, toute la violence, toute la barbarie et toute l'imbécilité de la guerre sont visibles. Ici, on se fait la guerre entre frères, entre habitants d'un même pays, on prive certains de nourriture pour la donner à d'autres, la guerre civile fait rage depuis 1917 et on ne sait plus trop contre qui on se bat…

Alors, on suspecte tout le monde et on n'accorde sa confiance à personne, tout le monde est tendu comme la corde d'un arc et les tensions sont bien palpables dans le récit grâce à la belle écriture de monsieur Smith qui m'a régalé, tout en me faisant accélérer le palpitant.

Lorsque l'on chevauche dans la neige, sous le froid glacial, il faut surveiller ses arrières et ses avants, car l'Armée Rouge n'est pas loin, la Tchéka non plus (police politique qui combattait les ennemis du nouveau régime bolchevik) et tout le monde vit dans la terreur.

Nikolaï, dit Kolia, est un personnage auquel on s'attache de suite, il a un passé de soldat de la Grande Guerre et le reste, on le découvrira au fil de la lecture.

Dans ce récit, personne n'est ni tout blanc, ni tout noir, tout est en nuance de gris et elles sont plus nombreuses que les fameuses 50 !

Tout le monde a des squelettes dans le placard, des casseroles au cul, des faits peu reluisant à masquer, des choses pas nettes à se reprocher et les pires exactions sont commises par des soldats parce que "se sont les ordres".

On doit tuer les traîtres, les mauvaises herbes… les habitants de son propre pays. Ils ont été endoctrinés et répètent cela tel un mantra.

La guerre civile change les hommes en bêtes, les innocents en meurtriers, les doux se gorgent de haine et les paisibles deviennent des vulgaires assassins. La frontière entre les gens ordinaires et les monstres qu'ils traquent (ou qu'ils subissent) est ténue. Très ténue et on la franchit très vite, cette frontière, lorsque l'on cherche sa famille.

Perdu dans cette immensité blanche et froide, juché sur sa jument fidèle, Nikolaï mènera une quête qui ne sera pas de tout repos et basculera parfois vers le côté obscur de la Force avant de se reprendre… peut-être.

Il devra accorder, ou pas, sa confiance à des inconnus, qui eux devront faire de même et je me suis souvent demandée ce que j'aurais fait à leur place et la réponse ne m'a pas plus parce que je sais que la peur nous faire accomplir des gestes inconsidérés.

Beaucoup de tensions, de peurs, de lâchetés, de dénonciations, de barbarie, de violence, d'amour et d'amitié dans ce roman époustouflant qui m'a fait chevaucher dans les steppes glacées de la Mère Russie.

On n'en sort pas indemne de ce roman coup de coeur. J'en ai encore mal au bide mais je remercie l'auteur de m'avoir donné à lire deux romans de cette trempe-là.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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