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Critique de Ephey


White Teeth est un coup de coeur. Même si le style est abordable en anglais, il reste néanmoins élégant et minutieux. L'écriture de Zadie Smith est dense sans pour autant utiliser des mots compliqués. Je pourrais lui reprocher d'écrire des phrases trop longues qui sont difficiles à lire dans le métro (j'ai testé) mais elle reste un écrivain qui me fascine et sans doute un des meilleurs contemporains que j'ai lu depuis belle lurette. du haut de ses 24 ans à la sortie de White Teeth, on observe déjà une maturité qui se dégage dans les portraits psychologiques de chaque personnage (et qui semble se confirmer avec les romans qui vont suivre).

Il m'est cependant difficile d'exprimer mon ressenti tant ce roman est complexe et grandiose. Comme tous les romans traitant du thème de la famille, je suis passée par tous les sentiments possibles et imaginables : de la compassion à l'énervement, de l'admiration pour la famille Chalfen à la déception concernant toute la partie consacrée à Irie. Elle y aborde également des thématiques qui sont moins attendues comme les témoins de Jéhovah, la PETA ou encore les filières islamiques radicales. Ma lecture a eu un écho avec les événements qui se sont déroulés au mois de Janvier puisqu'une fois de plus les débats concernant l'intégration des minorités ethniques ont été mis en avant sur la scène politique. J'ai beaucoup aimé la façon dont Zadie Smith traite le thème de l'immigration car elle y apporte un éclairage singulier. de part son expérience, elle parle avec justesse des conséquences pour la seconde vague d'enfants immigrés. C'est avec intérêt que j'ai suivi les tribulations d'Irie et Millat, qui en plus de leur nationalité anglaise, sont d'origine caribéenne et indienne. Avec leurs égarements, on observe les répercussions du clash entre la culture de leur pays d'accueil et la culture inculquée par la famille (testé aussi). J'ai trouvé le roman très juste sur ce point là et je me suis vue revivre certains épisodes de mon adolescence avec le personnage d'Irie qui se retrouve coincée entre deux cultures contradictoires qu'on lui a imposées. Chaque mot est bien placé et juste. Zadie Smith ne tombe pas dans la caricature ou n'en fait pas trop lorsqu'elle parle de la communauté musulmane. Au contraire, on ne peut qu'éprouver de la compassion et de l'empathie pour la famille de Samad Iqbal.

Zadie Smith propose également une critique de l'ascenseur social, tombé panne, à travers la rencontre avec les Chalfen, famille bourgeoise juive dont les membres sont passés par Oxbridge. le malaise entre les deux familles s'accentuent lorsqu'elles se rencontrent provoquant des situations comiques. En revanche la fin m'a parue improbable et bâclée. La romancière met trop d'éléments dans une intrigue qui finit par piétiner, traîner en longueur et tourner parfois en rond ce qui est dommage.

Pour conclure, je dirais qu'il ne se passe pas grand chose dans White Teeth. C'est un roman qui se focalise surtout sur les relations familiales. Pour les amateurs d'action, passez votre chemin. Il faut être patient. le livre est long, dense, demande une certaine dose de concentration mais l'auteure nous délivre un portrait joviale, pertinent et réaliste de la vie en banlieue bien loin de tous ces reportages alarmants qu'on trouve dans les médias.
Lien : http://filleperduecheveuxgra..
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