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Critique de DreamBookeuse


Thornhill. Un nouveau roman chez les éditions du rouergue qu'ils m'ont gracieusement envoyer en service de presse. L'objet livre est à tomber par terre avec des pages noires, des illustrations et la couverture légèrement en relief, j'adore ❤

Comment ne pas succomber à Thornhill. En plus d'être un objet livre remarquable, le roman graphique se pare des couleurs de Halloween pour nous faire frissonner. Pourtant Pam Smy a choisi autre chose que l'horreur surnaturelle, celle des êtres de la nuit et des cauchemars éveillés, pour nous conter cette histoire. Elle a choisi l'humanité. Parce que l'humanité recèle bien souvent toutes les souffrances, toutes les horreurs, toutes les choses les plus effroyables qui peuvent arriver en ce bas monde. Pas besoin de réveiller les morts comme dirait l'autre. Enfin…pas tout à fait.

L'histoire oscille entre deux époques. D'abord en 1982, où Mary, une jeune orpheline en pension à Thornhill redoute le retour de Kathleen une autre orpheline qui lui mène la vie dure. Cette vie, on la découvre à travers un journal intime dont on tourne les pages doucement, avec l'impression que la jeune fille pourrait se briser si on allait trop vite. L'autre époque nous est plus contemporaine, sans plus d'indice. On y suit le quotidien d'Ella, une jeune adolescente qui doit faire face à la solitude, à la mort de sa mère, et à l'absence de son père que l'on ne voit jamais. Tout son point de vue se fait en image, dans un style graphique proche de la bande dessinée, avec des contours assez gras, mais en noir et blanc. A l'intérieur de ces pages que l'on pourrait penser figer, on s'attache aux détails, aux choses qui dérangent : la fenêtre du manoir qui s'allume à la dernière page, une ombre derrière les murs, des courses poursuites après des fantômes.

Ce que j'ai trouvé très intéressant dans ce roman graphique c'est qu'il aborde énormément de choses sans en avoir l'air. D'abord, le harcèlement. C'est quelque chose que l'on voit beaucoup mais ici je le trouve traité un peu différemment pour la simple et bonne raison qu'on ne sait pas vraiment ce que Kathleen recherche. On ne sait pas si elle est réellement méchante, ou si c'est juste sa vie qui a fait d'elle ce qu'elle est aujourd'hui. On arrive difficilement à cerner son personnage et ça le rend beaucoup plus authentiques que d'autres romans abordant le même sujet, on sent des fêlures aussi chez elle, des fêlures d'orpheline et d'adolescente dont personne ne veut. Mais bien sûr on a envie de pleurer sur ce qui arrive à Mary. Parce que c'est une adolescente douce, sensible, qui voudrait juste qu'on la laisse tranquille un peu. Parce qu'elle a rien demandé. Et parce que bizarrement, en dehors de Kathleen et de la cuisinière du manoir personne ne fait réellement attention à elle. Elle qui ne peut pas parler parce qu'elle a un syndrome étrange qui l'en empêche. Elle qui semble bizarre, creepy, à sculpter dans l'argile ses minuscules poupées.

Et c'est là où le parallèle avec le personnage d'Ella est très intéressant. Parce qu'Ella, comme Mary, est seule, désespérément seule. Elle mange seule, s'habille seule, dort seule. Elle pleure en silence. En quelques pages, l'autrice et illustratrice nous fait tout comprendre. On se rend compte qu'il suffirait sans doute de voir les choses. D'enlever ses oeillères. Quelque chose que les adultes ont bien du mal à faire.

En d'autres termes bien avant de nous parler de fantômes, de poupées et autres joyeusetés du type statue, écritures chelous sur les murs et lumières qui s'allument toutes seules, ce roman est surtout un plaidoyer pour l'enfance. Un appel à l'écoute, au regard et à la curiosité des adultes envers les enfants, les adolescents et même plus tard envers les autres.

En dehors de cet aspect ô combien triste, l'autrice construit toute une ambiance autour de son roman à travers notamment ses illustrations, des « coupures » de journaux et autre. Certains passages du journal sont vraiment glauques et nous font frissonner. La fin, ouverte, laisse à penser que d'autres enfants tomberont dans le « piège » et c'est à la fois glauque et dramatique… parce qu'il suffirait de pas grand chose pour que cela n'arrive jamais. Un petit rien qui tient en un mot : l'attention.

En résumé

Thornhill est un roman graphique qui, sous ses airs halloweenesques dont il se pare avec brio, nous conte la solitude des enfants dans leur combat face à la vie, à l'autre et à soi même. En oscillant entre le journal de Mary et les dessins pleine page d'Ella, Pam Smy nous offre un conte dramatique mais réaliste sur le harcèlement et ses extrémités. Quitte à ce que cela revienne nous hanter… parce que la pierre, elle, n'oublie jamais.
Lien : https://lesdreamdreamdunebou..
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