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Critique de Lucie_Ash


Non, je n'ai pas passé ma journée sur ce gros pavé de 534 pages. En feuilletant Thornhill à la librairie, je me suis amusée à l'idée de le conseiller à un jeune qui ne lit pas beaucoup, de lui faire la blague du « tu verras, c'est un des livres les plus accessibles que l'on ait malgré son épaisseur » (blague drôle). Parce que malgré le nombre de pages digne d'un Phobos ou d'un Twilight, Thornhill contient en réalité très peu de texte, et beaucoup d'illustrations. Je m'explique.

Pam Smy alterne ses chapitres entre l'histoire de Mary, en 1987, qu'elle raconte dans son journal intime, et celle d'Ella, en 2017, sous forme de dessins en noir et blanc. Chaque changement de chapitre est signifié par deux pages entièrement noires. Nous commençons par rencontrer Ella, qui vient visiblement d'emménager dans sa nouvelle maison. Elle range ses cartons lorsque son regard est happé par une vieille maison qu'elle aperçoit par la fenêtre de sa chambre… Nous sommes ensuite propoulsés dans le journal intime de Mary, résidente à Thornhill, qui en 1982 est un orphelinat. Aucune famille ne souhaite l'adopter à cause de son mutisme sélectif. Et l'on découvre rapidement qu'une autre jeune fille ne peut être adoptée, une jeune fille sadique, qui fait vivre un enfer à Mary…

Si j'avais déjà lu auparavant des romans illustrés, c'est la première fois que j'en découvre un dans lequel les illustrations sont la forme de récit. Pas de planches comme en bande-dessinée, mais des double-pages comme des photographies, plutôt. Je trouve cette alternance texte-images très ingénieuse ! Nous retrouvons dans les illustrations de l'histoire d'Ella beaucoup d'éléments décrits par Mary dans son journal. Et le côté roman d'horreur vient principalement des dessins de Pam Smy. Au départ, je n'étais pas particulièrement emballée par son coup de crayon, mais les pages défilant, je me suis prise au jeu. D'ailleurs, la plupart des grands lecteurs de BD que je connais ne se préoccupent pas vraiment du dessin si l'histoire tient la route.

Et on peut dire qu'ici, c'est bien le cas ! le style d'écriture (et la traduction) expriment très bien l'anxiété et l'impuissance ressenties par Mary face au harcèlement dont elle est victime. Si l'on oublie l'aspect inquiétant du récit, je pense qu'il est toujours aussi important aujourd'hui (et peut-être même encore plus aujourd'hui) de prévenir le harcèlement. Et Pam Smy réussit cela avec brio. J'ai eu beaucoup de peine pour son personnage, souffert avec elle devant ses espoirs réduits au néant, eu peur avec elle des grattements contre la porte de sa chambre, soufflé avec elle lorsqu'elle créait ses figurines dans le jardin. L'empathie était bien présente. Et la douceur d'Ella, sa gentillesse, son courage m'ont beaucoup touchée.

J'espère donc que je pourrai bientôt faire la blague à un des ados de la médiathèque, lui coller Thornhill dans les mains, et peut-être réussir à faire un peu de prévention autour de lui. Coller une bulle de respect et de bienveillance à ceux qui l'auront lu avec sérieux.
Lien : https://folitteraires.wordpr..
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