AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Christlbouquine


Née en Ukraine en 1885, d'une comtesse russe et d'un père inconnu, Elena Miontchinska s'invente très jeune des mondes pour échapper au manque d'amour et se construire une vie romanesque. Pour mettre encore un peu plus de distance avec sa vie familiale, et parce que la jeune fille est à la fois fantasque et romantique, Elena accepte la demande en mariage d'un baron plus âgé qu'elle. Union qui s'avèrera un fiasco mais qui lui permet de prendre sa liberté. Et sa liberté Elena veut l'écrire en France là où se trouve la richesse du monde culturel. Elle devient alors Hélène, baronne d'Oettingen et, accompagnée de Serge Férat, un cousin qui deviendra son plus fidèle allié, elle s'installe à Paris à la toute fin du XIXème siècle. Aidée par une fortune personnelle conséquente, elle devient alors le soutient mais aussi la muse des nombreux artistes venus de tous les coins de monde (Chagall, Survage, Picasso, Modigliani…) et qui peuplent Montmartre puis Montparnasse en ces années d'avant la première guerre mondiale et après. Proche d'Apollinaire, qu'elle aide financièrement pour sa revue Les Soirée de Paris, elle est elle-même peintre, poète, romancière. S'inventant des personnalités pour chacune de ses vies, elle est tour à tour François Angiboult, Léonard Pieux ou Roch Grey. C'est dans le cadre professionnel qu'elle va ainsi rencontrer Dimitri Snégaroff, arrière-grand-père de l'auteur, lui-même exilé russe et imprimeur, entre autres, des Soirée de Paris. Hélène est aussi une grande amoureuse. Mais une amoureuse qui refuse d'être enfermée dans une relation et qui veut conserver sa liberté. L'après seconde guerre signe toutefois pour la baronne la fin de l'opulence et des jours heureux. Hélène terminera ses jours dans le plus grand dénuement.

Quand on pense que le récit de ce destin incroyable ne tient qu'à l'ouverture d'un tiroir ! Car c'est en tombant sur des papiers, et notamment des portraits de son aïeul peints par Hélène, dans le tiroir d'un bureau dont il vient d'hériter que l'auteur va s'intéresser à cette personnalité hors du commun.

Et il aurait vraiment été dommage de ne pas redonner sa place à cette femme indépendante à la personnalité complexe, capable des plus grands enthousiasmes comme des plus profonds abattements. A travers se portrait étonnamment moderne et vivant, Thomas Snégaroff décrit aussi un monde qui s'achève. La description du décrochage un à un des tableaux de la baronne qu'elle est obligée de vendre et qui disparaissent progressivement est une image forte et terriblement mélancolique.

Il montre aussi combien les sentiments et les relations, durant toutes ces années, n'ont finalement été que frivoles et superficielles car la baronne finit sa vie seule avec pour seul soutient son cousin Serge. Elle est en effet abandonnée de tous à partir du moment où elle n'a plus les moyens financiers de soutenir tous ces artistes.

Mais avant cela, quelle vie, que de passions, quel destin ! Un livre qui se lit avec grand plaisir et un personnage auquel on s'attache et dans les pas duquel on est ravi d'arpenter les rues de Paris.
Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}