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Citations sur Le sens des lieux (5)

Le problème qui se pose lorsqu'on parle de DDT, c'est qu'il ne s'agit pas uniquement d'un dispositif pratique, mais quasiment d'une religion. Quelque chose dans la culture occidentale fait qu'elle ressent le besoin d'éliminer toutes les petites bestioles et qu'elle est répugnée par les champignons vénéneux et les serpents. Ceci trahit une peur des zones sauvages du moi profond, et la réponse est : Détends-toi. Détends-toi face aux insectes, aux serpents et même aux rêves étranges. D'ailleurs, nous devrions partager nos récoltes avec un pourcentage d'insectes de manière à "payer notre part". Thoreau dit : "Comment notre moisson pourrait-elle échouer ? Ne dois-je pas me réjouir aussi devant l'abondance des herbes sauvages dont les grains sont le grenier des oiseaux ? Il n'importe guère, après tout, que les champs remplissent la grange du fermier. Le bon cultivateur cessera donc de s'inquiéter, de même que les écureuils ne montrent pas de crainte que les bois leur donnent ou non des châtaignes cette année, et il terminera chaque jour son labeur, renonçant à réclamer le produit de ses champs, et sacrifiant dans son esprit, non seulement ses premiers fruits, mais aussi ses derniers." Dans le domaine des idées, de l'expérience intérieure, de la conscience, comme dans le domaine extérieur de l'interconnexion, il y a une différence entre les cycles équilibrées et la surabondance qui ne peut être contenue. Lorsque l'équilibre est bon, l'esprit recycle tout, des illuminations les plus hautes jusqu'à l'avidité ou cette colère boueuse et aveuglante qui parfois s'empare de nous tous - la "transmutation" alchimique.
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Le programme d’un conseil de bassin versant commence de manière modeste : « Essayons de réhabiliter notre rivière de telle manière que le saumon sauvage puisse s’y reproduire de nouveau. » En essayant de compléter ce programme, une communauté est susceptible de devoir lutter contre l’industrie forestière commerciale en amont, l’accaparement de l’eau pour sa vente en aval, la pêche au filet taïwanaise au large dans le Pacifique Nord et toute une série d’autres menaces nationales et internationales pour la santé du saumon.
Si une foule de gens se joint à l’effort – des gens de l’industrie forestière et du tourisme, des ranchers et des paysans bien établis, des retraités qui pêchent à la mouche, des entreprises et les nouveaux arrivants qui vivent dans les forêts – quelque chose pourrait en sortir. Mais si cet accord commun était imposé d’en haut, ça n’irait nulle part. Seul un engagement populaire sur le long terme pour préserver le territoire peut apporter la stabilité politique et sociale nécessaire à la conservation de la richesse biologique des régions californiennes.
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Dans ce monde où tout se précipite, l’acte de méditation – même s’il ne s’agit que de méditation à « un souffle » : redresser son dos, éclaircir son esprit l’espace d’un instant – est une île revigorante dans un cours d’eau. Bien que le terme méditation ait pour beaucoup de gens des connotations mystiques et religieuses, ce n’est en fait qu’un phénomène simple et ordinaire. Silence et immobilité intentionnels. Comme toute personne en ayant fait l’expérience le sait, l’esprit apaisé peut emprunter divers sentiers, dont beaucoup sont ennuyeux et banals – et parfois inattendus. Mais la méditation nous apprend toujours quelque chose, et il existe de nombreux témoignages qui montrent qu’une pratique régulière de la méditation favorise sur le long terme la connaissance de soi, la sérénité, l’attention et la confiance en soi.
La fabrication de poèmes et les traditions qui prêtent une attention particulière à la conscience sont aussi anciennes que l’humanité. La méditation regarde à l’intérieur, la poésie expose. La première est pour soi-même, la seconde pour le monde. La première pénètre l’instant, la seconde le partage. Mais dans la pratique, on ne sait jamais vraiment laquelle des deux fait quoi. Dans tous les cas, on sait pertinemment qu’en dépit de la perception contemporaine qu’en a le public (la « poésie » et la « méditation » sont souvent qualifiées d’extraordinaires, d’exotiques et de difficiles), elles sont toutes deux aussi anciennes et ordinaires que l’herbe. L’une commence par une position assise, immobile et réflexive, l’autre par la création de chants et d’histoires.
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Dans son essai The Unsettling of America, Wendell Berry souligne le fait que le système économique actuel pénalise ceux qui essayent de rester à un endroit et de faire quelque chose de bien. On ne parle pas uniquement de la menace qui pèse sur l’intégrité des territoires des Amérindiens, ou des forêts nationales et des parcs ; c’est tout le territoire qui est menacé et toute personne ou tout groupe de personnes qui essaye de rester à un endroit et de faire quelque chose de bien pendant une période assez longue pour être en mesure de dire « j’aime vraiment bien cet endroit et le connais parfaitement bien » est pénalisée. La logique économique derrière tout ça est que l’on récompense les personnes misant sur le profit rapide – une agriculture digne de ce nom est antinomique avec le profit rapide – la gestion des forêts ou du gibier implique que l’on fasse les choses avec le futur lointain à l’esprit – et le futur est incapable de nous rapporter de l’argent aujourd’hui. Bien faire les choses veut dire vivre de telle manière que nos petits-enfants puissent aussi vivre sur ce territoire et continuer le travail que nous entreprenons aujourd’hui, avec une joie qui va en s’intensifiant.
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Ce recueil rassemble quarante ans de pensées et d’écrits. Il peut être considéré comme un prolongement ce que serait la « pratique sauvage ».
Le vieux principe bouddhiste « Nuis le moins possible » et l’appel écologique implicite « Laisse la nature s’épanouir » s’associent pour rendre hommage à la vie humaine et, par-delà, à tout le reste de la création. Ces essais sont des appels bouddhistes, poétiques et écologistes à une pensée et une action morales complexes, métaphoriques, obliques et mythopoétiques, mais, je l’espère aussi, pratiques. L’éthique et l’esthétique sont profondément entrelacées. L’art, la beauté et l’artisanat se sont toujours nourris de la partie sauvage et auto-organisatrice du langage et de l’esprit. Les conceptions humaines du lieu et de l’espace, notre intérêt contemporain pour les bassins versants, deviennent à la fois modèle et métaphore. Notre espoir serait de voir les domaines interagir, d’apprendre à savoir où nous sommes, et de nous diriger ainsi vers un style de cosmopolitisme planétaire et écologique.
D’ici là, soyez économes, compatissants et vertueusement féroces, vivez dans l’élégance autodisciplinée de « l’esprit sauvage ».
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