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Critique de steph_bookin


La canicule implacable, l'air brûlant d'un été en ville.
C'est dans cette atmosphère moite et troublante que se déploie le dernier roman d'AntonioSoler, l'ardeur électrique d'une seule journée d'été, dès le lever du jour :« le soleil monte obstiné. La vie frémit.. C'en est fini des heures vaines, de la pitrerie de la mort. le jour commence. Les insectes creusent la terre. »
Cela débute dans une décharge, le corps inanimé d'un homme, des fourmis rouges qui s'immiscent dans toutes ses cavités, et alors, comme le terral, ce vent chaud et sec qui brûle le moindre recoin de la ville, la narration prend son envol et balaye les personnages de cette journée, l'immense fourmilière humaine qui grouille dans les rues, les maisons, sur les plages, dans les voitures, partout.
Rien n'échappe au regard scrutateur et envoûtant de Soler, il décortique, dépèce, retranscrit les espoirs, exhibe les plaies, les cruautés. Dans un flux continu, la narration se déplace d'un personnage à l'autre, sans transition ou presque, dans un perpétuel mouvement, celui des heures qui s'écoulent pour les près de 200 personnages qui défilent sous le microscope de Soler. Ismael et ses triangles, la belle Amelia, Céspedes , l'Athlète et son journal intime, l'histoire du Vampire de la rue Molinillo de la grand-mère, la double vie de Dioni , Guille et sa bande de copains,... Tout, Soler nous montre tout de ces vies parallèles qui finissent toujours par se croiser et se suspendent parfois dans une soudaine instantanéité (merveille de l'heure du repas).
C'est poisseux, cru, désespérant et tellement impressionnant. Je me suis laissée complètement envoûtée par cette ambiance urbaine et oppressante, par cette virtuosité cinématographique d'une écriture qui embrasse mille destins d'un seul regard. J'ai eu tellement chaud, et j'ai désiré la nuit avec les personnages, et le soir est enfin venu: « La nuit se déploie […], elle s'étend comme l'immense peau d'un animal récemment chassé, qui saigne encore. La nuit respire, la nuit a un pouls […]. »

Soler a remporté de nombreux prix en Espagne avec ce roman dont le #PremioNacionaldelaCrítica et raconte que c'est lors d'une visite à Dublin pour le Bloomsday, journée-hommage à James Joyce et à son "Ulysse" qu'il a eu l'idée se ce roman, en transposant son propos dans sa ville de Màlaga. Il faudra un jour que je m'attaque à ce monument la littérature mondiale mais je lirai d'abord d'autres romans de Soler

Vous l'aurez compris, coup de chaud, coup de coeur !
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