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Critique de Luniver


Volodine est un jeune diplomate soviétique destiné à une belle carrière sans tâche. Cependant, quand il apprend qu'un docteur, vieil ami de la famille, va être emprisonné pour avoir envoyé des médicaments en Occident, il tente de le prévenir d'une cabine téléphonique. La conversation sera enregistrée et brutalement interrompue.

La bande va être confiée à une charachka, premier cercle de l'enfer des goulags, qui ressemble des scientifiques dont la pensée n'est pas pleinement conforme aux dogmes du parti, mais dont les capacités sont trop précieuses pour être envoyés dans les camps de déportation.

Soljenitsyne nous entraîne dans ce récit dans toute la société soviétique et nous décrit des tranches de vie de plus d'une vingtaine de personnages : le prisonnier accusé de toutes les trahisons pendant la guerre alors qu'il a simplement cherché à sauver sa peau, le prisonnier arrivé là par hasard par la dénonciation d'un voisin qui lorgnait sur son appartement, le communiste convaincu qui est passé de héros de la révolution à traître antisoviétique sans avoir changé son comportement d'un iota. La surveillance est constante dans la charachka, les restrictions de plus en plus sévères et humiliantes. Il faut dire que l'administration voit dans chaque morceau de fer une puissante radio capable de communiquer les secrets d'état à l'Occident, et dans chaque prisonnier laissé seul cinq minutes un individu prêt à creuser un tunnel d'évasion.

Les épouses des prisonniers ont également un sort peu enviable : obligée de cacher leur situation d'épouse de déporté si elles veulent continuer à travailler, garder un logement et ne pas se faire cracher au visage par tout leur entourage.

On fait aussi un détour par les gens «libres» qui ne sont pas mieux lotis : pression constante, doctrine mouvante qu'il faut suivre cependant à la lettre pour éviter la «trahison», risque de dénonciation permanente, tâches impossibles à réaliser avec la menace de l'accusation de «sabotage» en cas d'échec,…

L'ambiance est assez pesante : on ressent tout le poids de la bureaucratie écrasante et paranoïaque, totalement coupée du monde réel, d'un système dans lequel personne ne peut rester innocent bien longtemps.
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