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Critiques filtrées sur 1 étoiles  
Redites-moi des choses tendres, Soluto, Ed. du Rocher

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Vous vous laisserez assez promptement abuser par le titre romanesque, Redites-moi des choses tendres. Vous aurez beau jeu d'égrener les bons sentiments, de rechercher dans le texte le mât de cocagne de la tendresse, la moralité est affaiblie dans ce roman, elle tourne court.


Ce ne seront que situations grotesques à en être risibles, histoires scabreuses jusqu'à la balourdise. Ce ne sera qu'apologie verbeuse de la violence des comportements et des mots, de la trahison, qui s'insinue adroitement dans un quotidien routinier presque vierge jusque-là des plaisirs déréglés. Si bien que la banalité du triangle amoureux devient orgiaque. Pour le prix d'une maîtresse, vous en avez deux, agrégats d'un mari volage. La grande nouveauté au tableau, c'est la figure de l'épouse conspuée pour avoir bravé des interdits ancestraux. Ajoutez-y une addiction par ci, une cleptomanie obsédante par dérogation par là, vous obtiendrez une farce familiale délirante et visqueuse moquant le primitif portrait de famille et l'apparente bien-pensance bourgeoise.
Voilà le terreau et l'argument de Soluto : des protagonistes conduits dans la fange par une puissance extérieure à leur volonté profonde.


La Destinée se confond avec la main du narrateur tout puissant à faire déchoir et à encanailler, sur le petit air convenu de l'enchaînement des misères et des fautes. Le narrateur fait ses annonces de soliste, Coryphée, il pose les bases de la Tragédie et lui emprunte sa matière : l'homme chute du haut de sa grandeur, souffre implacablement entraîné vers un désastre plus grand que ce que lui permet d'entrevoir son imagination. Tout est connu depuis la nuit des temps, cela finit mal, par des cris étouffés et des orages, des silences et des stupeurs.


L'histoire eût-elle été moins faible, plus criminelle, enfermée dans quelque passion, autre que des amourettes à la petite semaine distillées, on eût fait l'effort d'y croire, de croire à la transgénéricité de ce roman qui entend être la version 2.0 de la tragédie antique. Tout au plus on concèdera son effet cathartique, sa capacité à susciter terreur et pitié. La terreur des amateurs de sextapes qui blacklisteront de manière ferme et définitive la fonction «enregistrer » de leur mobile, la pitié à l'endroit des délaissés, des bafoués, de ceux qui ont été mis au ban du royaume de la surconsommation des plaisirs faciles.


Après cinq cent pages de mots à l'envers, de procédés argotiques, d'expressions inventées pour coller à l'adolescence révoltée et au grand réservoir libidineux de leurs parents mal assouvis, nous refermons sans regrets, mais sans rancune le premier roman de Soluto.
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L'adultère à l'ère numérique.
Qui n'a jamais relu un mail vindicatif, le doigt sur la souris et cliqué sur "brouillon" ou "annuler" pour laisser retomber sa rage ? Eugène a pensé "annuler" et cliqué "envoyer" : toute une famille bascule dans le chaos. Certes, il tente d'effacer le mail dans la boîte de réception de sa femme, mais elle n'est pas si nulle en informatique qu'il le croit.
Leurs adolescents auraient pu être sauvés de leurs démons avec un peu d'attention, mais la pression dans une grande entreprise et les maîtresses pour Eugéne, le lycée strict et l'amant pour Barbara les empêchent de regarder leurs enfants avec lucidité.
Il est des livres (comme Mme Bovary ou Les Ames grises) dont on souhaite savoir la fin sans aimer les personnages. Vraiment aucun personnage ! Chacun est profond psychologiquement, fouillé, peaufiné, intéressant pour un sociologue, mais aucun n’est attachant.
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