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Critique de ThecosmicSam


L'histoire commence à Belrem où l'on découvre Alma et Maïdann, deux soeurs inséparables. Les deux petites filles paraissent insouciantes et intrépides, mais le lecteur réalise vite qu'elles évoluent dans une société bien différente.

Austérité, patriarcat et mépris envers les femmes y règnent en maîtres, le tout sur fond d'oppression et de guerre civile.

Tandis qu'Alma et Maïdann grandissent, leur situation ne s'arrange pas. Leurs corps sont, à l'instar des autres jeunes femmes, cachés par de longues robes grises et épaisses, leurs cheveux par de grands chapeaux dont les larges bords dissimulent les visages. Nul ne doit les voir ou, pire encore, les désirer. Leur vie devra être dédiée à leur père, avant de l'être à leur mari et à leurs fils.

Tandis que Maïdann subit tête baissée, Alma, la rebelle, ose affronter son père et rêver de liberté.

Alors que leur famille organise un mariage arrangé dont Maïdann sera la victime, Alma a la folle idée de s'enfuir sur les traces de Thaïs, une parente désormais reniée par les siens.

On prétend, en effet, que la proche métropole de Staven men Haagert serait développée. Riche d'un puits de pétrole – découvert par les autochtones qui ont été chassés, sans dédommagement, par l'Etat – la ville propose du travail aux migrantes au sein des sociétés d'exploitation pétrolière tenues par des étrangers.

C'était toutefois sans compter sur la misère (à peine dissimulée derrière les façades brillantes des sièges sociaux) et la misogynie profondément ancrée dans cette société.

On se demande alors si Alma et Maïdann vont parvenir à s'émanciper et à vivre leurs droits et désirs de femmes libres.

Le premier tome de « Cheveux au vent » est relativement court (moins de 200 pages) et se lit très rapidement. Il plante bien le décor en nous présentant le cadre, les déplorables mentalités et les multiples personnages. Les descriptions sont vivantes et j'ai trouvé la plume de Garance Solveg imagère et agréable (j'ai, à ce titre, relevé plusieurs citations qui m'ont plu et que vous pouvez retrouver dans cet article). Cette facilité de visualisation m'a permis de rentrer dans l'histoire.

L'action monte crescendo et le rythme s'accélère dans le dernier quart du roman.

Je regrette, en revanche, que le format n'ait pas permis de développer davantage la psychologie, par ailleurs intéressante, des principaux personnages :

- Alma, jeune fille un peu rebelle qui souhaite revendiquer ses droits et exprimer sa créativité, mais qui conserve, paradoxalement, des traditions conservatrices ;
- Maïdann que l'on croyait soumise et qui va, finalement, prendre une certaine indépendance ;
- Salomée, jeune femme à la chevelure et au tempérament de feu qui s'affranchit de tous ses carcans en adoptant le jeu de la provocation face à des hommes ultra conservateurs ;
- Thaïs dont la féminité a été remise en question en même temps que sa maternité ;
- Mais aussi Tiago (le bellâtre opportuniste), Dan (qui sous ses airs un peu bêta est rongé par l'amertume due à son infirmité) et évidemment Guthar et Seht (qui joueront un rôle important par la suite).

Il ne s'agit que d'un premier tome et nous en apprendrons sûrement plus sur certains de ces protagonistes par la suite. Je dois avouer que j'ai, toutefois, eu un peu de mal à m'identifier à eux (à l'exception d'Alma). J'aurais également aimé que les personnages masculins soient légèrement plus nuancés.

L'intrigue se déroule dans des villes imaginaires (Belrem, Staven men Haagert, Nydra, Wilmin City) dans lesquelles les femmes sont contraintes de se couvrir avec de grands chapeaux qui symbolisent leur assujettissement. Celles-ci sont haïes en raison de leur genre et parce qu'elles sont privilégiées à l'embauche par les expatriés. L'histoire a donc vocation à être une critique universelle de la façon dont la société traite encore les femmes. Ce premier tome est pourtant marqué par des éléments qui m'ont fait penser aux pays du Moyen-Orient ou de l'Asie mineure, gangrenés par les talibans (paysages et climat, nourriture, présence de puits de pétrole assiégés par les Américains, etc). Si je comprends que nommer un pays aurait privé l'autrice de sa liberté narrative et de la vocation universelle de son propos, je n'ai pas pu m'empêcher de relever cette dichotomie entre le réel et l'innommé, laquelle m'a parfois un peu gênée. Sur ce point, Garance Solveg m'a fait part de ses sources d'inspiration et des différentes références culturelles qui l'ont inspiré lors de l'écriture de ce premier tome. Cela m'a permis de mieux comprendre cette ambigüité entre fiction et réalité (je vous renvoie à l'interview de l'autrice sur mon blog).

Ceci étant dit, j'ai été bouleversée par la fin de l'histoire et je suis curieuse de découvrir la suite de « Cheveux au vent » afin de savoir ce qu'il va advenir de ces femmes résilientes et si souvent bafouées ! (Suite dont je ne manquerai d'ailleurs pas de vous parler).

En bref : J'ai pris plaisir à découvrir cette histoire de femmes. Cela nous rappelle que la lutte pour l'émancipation est loin d'être terminée! J'espère que le deuxième tome offrira l'indépendance à ces personnages féminins.
Lien : https://thecosmicsam.com
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