AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Zirkawicca


Dès les premières pages, j'ai été surprise par le style d'écriture: des "phrases" ultra courtes, sans virgules, souvent sans verbe et/ou sujet, avec des anglicismes et de l'argot par ci par là. Et aussi par le ton employé: sans concession, souvent blasé ou moqueur, et assez auto-suffisant. Sous couvert d'humour, elle s'écoute quand même beaucoup parler (et penser). L'auteur s'exprime comme elle pense, ça ressemble presque à un long télégramme.

J'ai trouvé que le discours sonnait très "hargne et arrogance adolescente", alors quelle ne fût pas ma surprise, après recherches, de constater que Corine Sombrun avait une quarantaine d'années lors de l'écriture de ce récit vécu... Page 126/127 par exemple, elle se met en scène dans une petite "fable" où elle n'hésite pas à parler d'elle comme d'une "jeune fille", qui + est "à la belle gueule" et "callipyge"! Enfin, c'est son cerveau qui est censé être callipyge mais j'ai du mal à imaginer...

Du coup, malgré le thème abordé qui m'intéressait beaucoup (le chamanisme), j'ai d'abord eu du mal à apprécier ma lecture. Je m'énervais toutes les 2 phrases, l'égotisme dont faisait preuve l'auteur me hérissant le poil. Il y a des exemples à la pelle: elle considère sa hutte comme une scène, "j'adore qu'on s'intéresse à mon cas", "la pro du son", "fierté d'un Robinson qui détourne les pièges de Mère Nature", "regard satisfait sur le produit de mon imagination", "y'a même pas quelqu'un pour admirer ma force mentale", "moi, que moi", etc...

L'auteur est en deuil au moment où elle vit ces événements, pourtant elle apparaît + arrogante que triste. Mais au fur et à mesure de ma lecture, j'ai perçu des fêlures dans cette carapace. Notamment lorsque elle nous dit avoir l'"ego en berne" d'être vue en position de faiblesse (à 4 pattes sur un pont/tronc, lorsqu'elle demande à se faire accompagner parce qu'elle a peur de rentrer seule à sa hutte dans le noir). Elle est loin d'avoir autant confiance en elle que ce qu'elle laisse paraître, mais elle est dans la résistance, dans le déni, pleine de blocages face à ce qu'elle affronte.

Et c'est là que l'intérêt culturel et documentaire du récit se mêle, grâce à l'ayahuasca, à la métamorphose de l'auteur, telle un papillon qui sort de sa chrysalide. le fait qu'elle soit à ce moment de sa vie totalement étrangère au milieu du chamanisme fait que ses réactions ne sont pas biaisées par des idées préconçues. A la fin du livre, on voit clairement qu'elle a changé, elle s'est révélée grâce aux enseignements tirés des visions. Elle a trouvé la paix intérieure et cela se ressent dans son comportement vis-à-vis d'elle-même et des autres. "La peur d'être jugée avait disparue", et avec elle toute la peine, la méfiance et même la haine qu'elle portait en elle. Corine Sombrun presque mégalo à son arrivée à Sachamama déclare en toute simplicité dans les dernières pages: "et j'évite mon nombril (...) Arrivée à la hutte-cantine. Non triomphale. Je réalise qu'il n'y a aucune fierté en moi. Ce n'est pas cet ego qui a été nourri." On ne dirait pas que c'est la même personne qu'au début du livre qui parle ainsi.

C'est énorme, c'est + qu'une évolution, c'est une révélation. Et cette aventure n'a été que le début des grands bouleversements et du renouveau pour elle, sachant qu'elle a ensuite (et malgré elle) suivi un apprentissage de chaman en Mongolie qui l'aura définitivement faite autre. Vraie. Belle. Vivante.

Commenter  J’apprécie          51



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}