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Critique de Apoapo


Dans ce roman, qui précède La Caverne des idées et qui est donc le plus ancien disponible en français, se trouve déjà posée la problématique du dépassement de structure classique de la fiction : l'auteur (omniscient) crée un protagoniste et s'efforce de le rendre crédible au lecteur, ainsi que l'histoire qu'il narre (lui ou celui-ci, s'il est narrateur). Déjà dans ce roman les hiérarchies se confondent donc ainsi que les niveaux de narration et le statut du réalisme de chacun des éléments sus-cités : narrateur, protagoniste, personnages secondaires ; et la crédibilité est sans cesse mise en abîme, grâce à un habile jeu d'énigmes, de suspens pseudo-polar et de pistes brouillées...
La trame est pourtant relativement simple. Un écrivain devenu amnésique suite à un accident de voiture recherche sa mémoire à travers la personnification du contenu de la dernière phrase qu'il a écrite auparavant : "Je suis tombé amoureux d'une femme inconnue". Mais la "réalité" de cette "femme", se rend-il compte dès le début, est mise en doute par son propre statut d'écrivain. de plus, cette réalité textuelle, possède exactement la même valeur que celle de tous les textes d'autrui qu'il croisera au cours de sa recherche, qui, pour entretenir un suspens tout aussi fictionnel et textuel, sera parsemée de pseudo-crimes et de pseudo-personnages - qui sont peut-être autant d'auteurs... Un premier faîte de l'action consistera dans l'inversion entre recherche de la "femme réelle" et création de la "femme fictive", dans laquelle le rôle de l'écriture est, pour la première fois et pour le distinguer des autres personnages, le contraire du mensonge. La chute dépasse la révélation de la mystification - avec au passage la note de poétique fondamentale de l'ouvrage {position de l'auteur à l'encontre de son protagoniste ?} : "Aujourd'hui, le lecteur apprécie beaucoup plus le rabat que le texte. C'est le syndrome du Comment ça marche, tu comprends ? le public adore démantibuler un jouet pour voir comment il fonctionne" (p. 203) - et atteint l'inversion entière de la position du narrateur (protagoniste) avec celle de son personnage créé.

PS: J'adore le mythe de Daphné et ce prénom féminin est mon préféré.
PPS: Je suis d'accord avec la critique que l'auteur adresse, par la colère et l'ultime vengeance de son protagoniste, à l'économie de l'édition : nombreux sont les auteurs à succès qui se plaignent de ne plus avoir le temps d'écrire des oeuvres satisfaisantes...
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