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Critique de YsaM


J'ai acheté ce livre sans lire la quatrième de couverture, simplement parce que je le trouvais beau visuellement et que le prénom d'Ahava (qui veut dire amour en hébreu) me parlait bien. Oui, il m'arrive parfois de faire des fantaisies, c'est un coup de poker qui s'est avéré gagnant, le message laissé par Clarisse Sabard, sous le résumé du livre, a fini par me convaincre que j'avais fait le bon choix.

UN ROMAN CAPTIVANT, UNE HÉROÏNE QUE L'ON PREND PLAISIR À VOIR SORTIR PEU À PEU DE SA COQUILLE, DES PERSONNAGES FORTS QUI ME TROTTENT ENCORE EN TÊTE.
L'héroïne s'appelle Tess, elle vit à Providence dans l'Etat de Rhode Island avec John, elle est la maman de Charlotte avec qui les relations sont terriblement compliquées. Charlotte est le contraire de sa mère, elle supporte des kilos superflus alors que Tess a la ligne, elle ne sait pas s'habiller alors que Tess à la classe, elle est chaleureuse et trouve sa mère froide et distante, elle aimerait connaître l'identité de son père mais Tess fuit toute discussion concernant ce passage de sa vie. Charlotte souffre de ne rien savoir sur son père, elle aime beaucoup John qui l'a élevée mais pour se construire, elle a besoin de connaître ce père qui a été totalement absent de sa vie.

Elle profite du « labor Day » pour se rendre chez sa mère, bien décidée à ne rien lâcher et à enfin avoir cette discussion avec elle. Tess s'est décidée à parler et commence à égrainer ses souvenirs doucement mais surement. le récit commence en 1988, Tess vit dans le quartier de Williamsburg à Brooklyn, elle est mariée à John et ne travaille plus parce qu'elle souffre d'agoraphobie, suite à un incendie meurtrier dans un cinéma dont elle a réchappé deux ans plus tôt. Depuis cet accident elle est coupée de la vie extérieure, même les amis ont perdu patience, seul son mari semble garder espoir qu'un jour elle guérisse. Les seules sorties de Tess se résument à l'épicerie du coin une fois par semaine et le coiffeur une fois par mois. Tess avait une vie avant, elle était danseuse, elle a étudié à la Juillliard school, elle était pleine d'ambition, joyeuse et moderne. Depuis elle vit retranchée dans son appartement avec son chat et John qui ne rentre que le soir.

Elle cuisine, fait le ménage, elle a adopté la tenue des juives hassidiques alors qu'avant elle s'habillait comme tout le monde, elle n'est pourtant pas portée sur la religion mais sa perruque, sa longue jupe noire et ses chaussettes blanches font partie de son quotidien, ca la rassure, c'est une sorte de barrière contre l'extérieur. Elle passe son temps à compter ses pas. Elle parle à ses jambes, elle vit dans la peur de l'extérieur et de l'inconnu. Elle est bourrée de Toc et on se demande bien comment elle pourra retrouver une vie normale. Un matin en se rendant à l'épicerie, elle trouve un prospectus qui l'interpelle. Un producteur recherche des danseuses professionnelles pour un nouveau spectacle. Les auditions ont lieu à Brodway, au théâtre du Wonderful. Tess est bien décidée à tenter sa chance, même si elle n'a aucune idée de comment elle va bien pouvoir sortir de chez elle et tout affronter.

Doucement, avec des faux pas, des pas de travers, des pas en arrière, des pas en avant, des grandes enjambées, des petites foulées, Tess finit par passer son audition qui s'avère catastrophique, imaginez un peu la tête de Peter Hasley, le metteur en scène qui auditionne une jeune femme avec une perruque, des bas blancs et une longue jupe. D'ailleurs il ne se gêne pas pour lui dire qu'il recherche un style précis de femme, des pin-up pas une écolière, c'est un cabaret burlesque qu'il veut monter, pas un spectacle de ballet. Tess est vexée mais ne désarme pas, elle y retourne et finit par être embauchée, seule condition, elle doit se créer un personnage, elle choisit celui de Baby Jane du film de Woody Allen.

Les répétitions sont compliquées, elle doit affronter les remarques désobligeantes de Peter Hasley, la jalousie de certaines filles, elle se cache de son mari à qui elle va devoir avouer qu'elle a finalement été choisie. Elle doit toujours gérer son agoraphobie et pourtant elle ne lâche rien. Elle a décidé qu'elle ferait ce spectacle et donnerait le meilleur d'elle même, elle sera une baby Jane comme elle a envie d'être, elle sera libre, personne ne lui dictera sa conduite.

Petit à petit, le papillon sort de sa chrysalide, Tess se transforme physiquement, ce qui n'est pas du goût de John son mari qui est infidèle, quand Tess le découvre elle n'arrive pas à pardonner et le quitte. Elle part vivre chez une danseuse du spectacle avec qui elle s'entend bien. Les relations avec Peter Hasley s'améliorent, ils se tournent autour, s'attirent, sans ne jamais rien dévoiler. C'est un peu le jeu du chat et de la souris et un moment donné je me perds, j'ai l'impression que les répétitions de ce spectacle tournent en rond et le « je t'aime moi non plus » entre les deux protagonistes finissent par un peu me fatiguer, je trouve que l'histoire à du mal a véritablement démarrer, mais l'autrice met un coup de baguette magique et tout à coup, tout s'emballe, s'enflamme, les émotions sont là et jusqu'à la fin du roman. Je comprends enfin pourquoi je lis ce livre et pourquoi finalement je peux dire que je l'aime énormément.

Tout est là, les personnage sont attachants, Baby Jane -si je puis l'appeler ainsi- est courageuse, tenace, perspicace, elle affronte son agoraphobie avec bravoure. Elle est authentique et ne triche pas. Elle est pleine d'empathie et de compassion. Je regrette son attitude froide avec sa fille mais on découvre le pourquoi à la fin du roman et on ne peut ignorer sa souffrance. Bien sûr ça n'excuse rien, mais ça explique beaucoup, ça permet de comprendre.

Peter Hasley est un taiseux, un étrange personnage, pas le playboy américain qu'on imagine, il a du charme et finit par être charismatique alors que c'était pas gagné au départ ! Au début du roman on le sent un peu paumé, solitaire, sa femme l'a lâché, il est fauché, sans domicile, il est décrit comme un looser, il est pourtant bourré de talent et sait exactement où il veut aller avec son spectacle.

John, le mari de Baby Jane est transparent et insipide, il m'énerve dès le départ à jouer à l'homme parfait qui soutient sa femme dans son combat contre la maladie, quand le masque tombe je ne suis même pas surprise, trop poli pour être honnête celui-là !! Il semble un peu plus sympathique plus tard, quand il a fait amende honorable et qu'il élève Charlotte qui n'est pas sa fille. Les danseuses s'avèrent être sympathiques même si on sent les rivalités au départ. Elles finiront par être solidaires et Tess aura une véritable amie pour la vie.

C'est une histoire de femme courageuse et forte, c'est aussi une magnifique histoire d'amour, pas de celles qu'on a l'habitude de voir. Ce n'est pas de la guimauve, encore moins de l'eau de rose. J'aime beaucoup l'écriture de l'autrice, c'est concis et limpide, on se laisse guider. Puis il y a New-York, Brodway, ses théâtres et cabarets, ses avenues à n'en plus finir, son métro bondé, les paillettes, le spectacle, les vedettes, les pin-up, les années 80, toute une ambiance parfaitement décrite qui fait qu'on s'y croirait.

J'ai vraiment bien apprécié ce livre qui a obtenu le coup de coeur du prix du livre romantique 2018 aux éditions Charleston.



Lien : https://jaimelivreblog.wordp..
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